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Déclenchement d'une grève menée par le Front commun intersyndical
Grévistes membres du Front commun, Jacques Rouillard, Histoire de la CSN : 1921-1981, Montréal, Boréal Express, 1981, p.285
Les 210 000 employés des secteurs public et parapublic affiliés à la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) et la Corporation des enseignants du Québec (CEQ) déclenchent une grève générale illimitée. Le ministre de la Fonction publique, Jean-Paul L'Allier , se fait rassurant auprès de la population, déclarant que les services essentiels sont en général maintenus dans les hôpitaux.
La grève du Front commun constitue un événement marquant. Elle fait suite à la troisième ronde de négociations entre le gouvernement québécois et les représentants des secteurs public et parapublic qui commence en 1972. Au cours de la décennie précédente, les dirigeants syndicaux ont pris conscience de l'utilité de se regrouper pour exercer un meilleur rapport de force. Après de longues négociations, ils forment donc un front commun en janvier 1972. Celui-ci comprend 100 000 syndiqués affiliés à la CSN, 70 000 membres de la CEQ et 30 000 de la FTQ. La ronde de négociations qui s'amorce oppose deux philosophies différentes. Celle du gouvernement libéral de Robert Bourassa propose l'alignement des salaires des employés du secteur public sur la moyenne des emplois comparables dans le secteur privé. De leur côté, les centrales proposent que les employés de l'État soient les travailleurs les mieux payés, ce qui, selon eux, aurait un effet d'entraînement sur les conditions des employés du secteur privé. Le discours syndical, particulièrement celui de la CSN, est teinté d'un certain radicalisme. Il fait des employés de l'État l'avant-garde de la classe ouvrière dans la lutte contre l'État bourgeois et capitaliste. Les revendications syndicales sont le salaire hebdomadaire minimum de 100 $, la sécurité d'emploi et l'élimination des disparités régionales dans les avantages sociaux. Le gouvernement, qui s'oppose surtout au salaire hebdomadaire minimum, n'arrive pas à dénouer l'impasse. Les négociations piétinent et les centrales obtiennent des mandats de grève générale. Le 11 avril, celle-ci est déclenchée.
Source : Le Devoir, 11 avril 1972, p.1 et 6.