Manifeste civique
Depuis la fin des années 1940, l'URSS connaît un rayonnement mondial. Mais ce rayonnement à aussi le revers d'effrayer les démocraties occidentales, de confronter ses valeurs. Très tôt l'attrait pour le communisme dans une certaine frange de la société, entraînera une crainte de la part des dirigeants du monde des démocraties libérales. Face aux valeurs exprimées dans le projet communiste, les tenants des démocraties libérales font également valoir leurs visions sur les valeurs propagées par la démocratie. C'est dans ce contexte qu'est produit le Manifeste civique
Plus l'homme est libre, plus il est responsable. C'est peut-être la méconnaissance de cette vérité par un trop grand nombre qui explique le désarroi dans lequel notre monde paraît plongé.
Il n'est sans doute pas de moment dans l'histoire où l'idéal démocratique ait connu autant d'adeptes, pas de moment où le régime qui l'exprime se soit instauré dans un aussi grand nombre de pays. (...)
Et pourtant qui niera le malaise qui s'affirme jusque dans les plus anciennes, les plus prospères et, apparemment, les plus stables de ces démocraties? Au-delà des problèmes sociaux, des difficultés économiques passagères, au-delà même des inévitables adaptations, ce malaise revêt l'aspect d'une crise, car il atteint le régime dans son essence même.
La démocratie offre cet apparent paradoxe d'être à la fois le régime le plus propice à l'épanouissement de l'homme et en même temps le plus exigeant pour l'homme. Par le fait même qu'il implique une large participation de tous, par cela même qu'il laisse aux membres de la communauté le choix de ses dirigeants, de ses gouvernants, il postule chez tous les hommes une conscience sociale aiguë, un sens développé de la solidarité, en un mot une maturité qui n'est pas nécessaire sous les autres formes de régime politique, du moins pas au même point. (...)
La démocratie est un régime politico-social d'adultes, la marque d'un certain niveau de civilisation, mieux, l'expression d'un humanisme politique. Elle est essentiellement affaire d'hommes, au sens le plus noble du terme. Or, précisément, ce malaise que tant de signes dénoncent, qui paraît investir de toutes parts les régimes démocratiques, c'est, au fond, une crise d'hommes. Toute analyse lucide nous conduit à le reconnaître. Ce n'est point faire montre de pessimisme que de l'admettre, mais d'un réalisme qui peut s'avérer tonifiant si, en même temps, nous nous efforçons de dégager les solutions, les remèdes à ce mal.
La démocratie est exigeante. Son exercice n'est pas facile et ceux-là se trompent lourdement qui veulent voir en elle simplement la possibilité d'agir à leur guise, de faire ce que bon leur semble, quand bon leur semble, qui veulent voir en elle simplement le champ clos où s'affrontent indéfiniment les individualismes les plus stériles, les égoïsmes les plus forcenés. Il est plus que temps de dissiper cette néfaste équivoque. L'individualisme, entendu au sens de libéralisme exacerbé, est le pire ennemi de la démocratie. (...)
Il n'est pas de démocratie sans citoyens. Voilà peut-être la grande leçon que nous avons à apprendre si nous voulons assurer le salut d'un régime que, pour certains, nous avons peut-être conquis trop facilement, dont nous jouissons trop inconsciemment pour en estimer tout le prix. Valeurs précieuses et fragiles que d'autres ont lentement obtenues pour nous et que nous ne saurions vraiment apprécier que le jour où nous les aurions perdues. Et, si fantastique que puisse apparaître cette hypothèse, cela pourrait bien arriver, si le civisme n'informe pas davantage la démocratie, si l'homme cesse d'être un citoyen ou plutôt s'il n'apprend pas à l'être. (...)
Nos grands quotidiens publient tous les jours une interminable liste des emplois offerts par les établissements les plus variés, sous le titre général: "On demande... " Si les divers gouvernements qui ont encore conscience de l'urgence de la situation, qui entendent sauver notre forme démocratique de régime, avaient un jour l'idée de pareilles insertions, ils devraient faire publier: "On demande des citoyens". On ne le répètera jamais assez : la démocratie n'existera vraiment que par le civisme, ne sera sauvée que par les citoyens. Et cela implique à tous les niveaux un effort de réflexion et une oeuvre d'éducation. Autrement, comme il en est souvent advenu dans l'histoire, on assistera à une dévaluation progressive de la démocratie qui sombrera dans la démagogie, laquelle débouche inévitablement sur la tyrannie.
Il n'est guère de commerce plus fécond et plus lourd d'enseignement que celui de l'histoire. Un rapide survol de celle-ci en fonction de l'objet actuel de nos préoccupations nous révèle que, des démocraties de l'antiquité à celles d'aujourd'hui, la notion de citoyen s'est à la fois élargie, intensifiée et ennoblies. (...)
Attribut désormais incontesté pour tous, la notion de citoyenneté a dans le même temps acquis une nouvelle dimension. La modification des structures politiques, leur démocratisation sans cesse plus large, l'influence des progrès technologiques, si elles ont accru les devoirs du citoyen, ont aussi multiplié ses droits. Certes, le citoyen d'aujourd'hui est sujet à des impôts de tous genres prélevés dans l'intérêt du bien-être commun, comme il est éventuellement sujet au service militaire, mais, par ailleurs, il a un droit de regard plus considérable que jamais sur les affaires de la cité. (...)
D'autre part, il n'est pas difficile de constater que le citoyen d'aujourd'hui, du seul fait de ce titre, bénéficie de tout un réseau d'avantages et de privilèges d'une mesure de protection pour lui-même et pour ses biens que le citoyen d'antan lui aurait assurément enviés.
L'action du christianisme enfin a ennobli singulièrement la notion de citoyens. En la transposant sur le plan spirituel, elle lui a conféré une signification nouvelle. Il n'est pas difficile de retrouver, même dans les États contemporains officiellement neutres ou laïques, la reconnaissance d'obligations sociales, d'impératifs moraux qui ont leur origine dans les enseignements du christianisme. Avec l'avènement de celui-ci toute la vie sociale a été transformée. Les hautes leçons qu'il prodigue ont non seulement supprimé entre les hommes les distances artificielles qui jusqu'alors semblaient interdire à la majorité tout droit au sein de la cité, mais encore fait de la solidarité et de l'entraide mieux que des vertus, des devoirs. (...)
Comparé à celui des siècles passés, le citoyen d'aujourd'hui est véritablement un adulte, qui a la maîtrise de son destin, qui a également le plein droit de participer à la gouverne de la cité, que celle-ci soit sa municipalité, sa province ou son pays. Par le droit de vote sans doute, mais aussi par l'action des grandes associations, par les campagnes d'opinion, et d'une foule d'autres façons,, le citoyen est en mesure de contribuer à l'orientation de la cité. Mais le fait-il? Sait-il le faire? Désire-t-il le faire? Il faut malheureusement convenir qu'il est permis d'en douter. Le comportement d'un trop grand nombre est marqué d'un infantilisme absolument incompatible avec l'exercice de la démocratie. Cette infantilisme politique se traduit de deux manières principales: d'un côté, négligence à exercer pleinement ses droits dans des circonstances importantes, de l'autre, regrettable méconnaissance de ses devoirs.
Le mal est grave, et, si tous les milieux qui ont quelque rôle à jouer dans la cité ne s'emploient pas d'urgence à le corriger, le malaise dont je parlais plus haut pourrait bien se transformer en une crise où sinon l'apparence, du moins la réalité de la démocratie sombrerait lentement. Et si, au cours du dernier quart de siècle, certains États démocratiques ont été si aisément emportés par la vague montante des totalitarismes de gauche ou de droite, n'est-ce pas, justement, que le régime ne trouvait pas l'écho dans la masse du peuple, ne plongeait pas ses racines dans le coeur des citoyens?
D'autres idéologies, porteuses de valeurs bien moins exaltantes que les nôtres, se sont avérées capables d'un dynamisme bien supérieur. Ne serait-ce pas qu'il manque une âme à notre régime démocratique, ou qu'il lui manque d'avoir su faire comprendre, sentir aux hommes ce qu'il signifie pour chacun d'eux? Faire des citoyens, voilà la seule réponse, à long terme, à cette angoissante interrogation. (...)
Il faut à la démocratie, sur tous les plans et dans tous les secteurs, non pas des individus passifs, mais de véritables citoyens. Or, la notion de citoyen a été trop longtemps définie par un certain nombre de choses à ne pas faire, de gestes à ne pas poser. Était étiqueté bon citoyen tout homme qui ne faisait pas tort à ses semblables, qui n'enfreignait pas les lois et règlements essentiels, qui ne se dérobait pas au paiement de l'impôt. Il nous faut maintenant répandre une notion active du citoyen, le définir à partir d'une attitude permanente et d'un certain nombre de gestes positifs. (...)
L'immense majorité de nos concitoyens ne conçoit la démocratie que selon une vision tronquée. Des caractéristiques fondamentales de ce régime, entre tous exaltant mais entre tous exigeant, elle ne retient qu'une partie, la consécration de la liberté individuelle, et trop souvent encore elle ne voit dans cette liberté que la tolérance des ambitions et des caprices de chacun.
(...) Sans le civisme, il n'est pas de véritable démocratie; sans volonté de servir, il n'est pas d'authentiques citoyens. Évidemment, on pourra conserver tout l'appareil du régime démocratique; évidemment, les dirigeants pourront se prévaloir de l'appui de la population. Mais il s'agira d'expressions lentement vidées de leur réalité.
Le service de la communauté, - municipalité, État provincial ou fédéral, - telle est l'essence du civisme, lui-même facteur fondamental d'une démocratie réelle. Mais comment en concevoir l'exercice? Serait-il réservé à une minorité des citoyens? On le croirait à voir agir certains personnages qui se tiennent bien aisément quittes de leurs obligations envers la communauté. Bien au contraire, c'est un devoir qui incombe à chacun, dans une mesure variable sans doute, mais ici c'est moins l'importance du geste qui compte que l'esprit dans lequel il est accompli. Et placé dans cette perspective, le service de la cité apparaît comme le grand oeuvre de tous, fait de l'apport quotidien de chacun.
(...) Aussi longtemps qu'apparemment les "choses vont bien", pour employer l'expression courante, aussi longtemps surtout qu'une relative prospérité s'étend à l'ensemble de la population, on assiste à un désintéressement généralisé des affaires de l'État, à un affadissement de l'esprit d'analyse, à une sorte d'abandon confiant aux dirigeants. Survienne une crise, ce n'est point un examen approfondi qu'on entreprend de la situation, un jugement lucide que l'on tente de porter, mais une sorte de verdict vengeur envers ceux qui ont permis que cessât l'euphorie. Rares les citoyens qui se demanderont si on est redevable vraiment à l'administration en place de la prospérité ou si la crise en cours peut vraiment lui être imputée. Dans tous les cas, on la lie à la fortune, bonne ou mauvaise: loués pour des succès qu'ils n'ont parfois pas remportés, blâmés pour des échecs qu'ils ont souvent tenté d'éviter, les dirigeants sont jugés moins selon le critère de leurs efforts, de leur politique réelle, qu'en fonction de l'humeur de l'électorat aussi prompt à se créer des héros qu'à trouver des victimes propitiatoires. Tant que cet état d'esprit subsistera, serons-nous en droit vraiment de parler de maturité?
Aussi, pour être vraiment valables, les campagnes destinées à stimuler l'intérêt du citoyen dans le choix de ses représentants doivent dépasser la seule optique du jour de l'élection, elles doivent se prolonger par un effort permanent de formation du citoyen. Davantage, le jour semble venu d'instituer une certaine mesure d'enseignement du civisme qui soit fait non plus sur le mode mineur, mais qui parte des réalités fondamentales, des exigences souveraines de notre régime politique. On n'improvise pas des citoyens. Qui, dès sa tendre enfance, n'a pas appris que droits et devoirs sont strictement corollaires, qui n'a pas été formé à l'action en commun, au travail d'équipe, qui n'a pas réalisé peu à peu que liberté individuelle et service de la communauté constituent la synthèse sans laquelle la démocratie ne peut subsister, celui-là, à moins d'un miracle, ne saura pas remplir son rôle de citoyen. Car ce rite est moins facile qu'on veut bien parfois le donner à entendre. Encore une fois, il est bien simple si on le réduit au respect des lois et règlements; mais, justement, qui s'en tient à cela n'est pas, ne peut plus être aujourd'hui un citoyen.
Le civisme, c'est la conscience ardente du devoir social, c'est l'acceptation généreuse du service de la communauté. Le citoyen est celui qui est animé de cette conscience, qui consent pleinement à servir, sachant bien d'ailleurs que les liens sont si étroits aujourd'hui entre l'homme et la communauté, qu'en servant celle-ci il défend dans le même temps, à long terme, ses propres intérêts. (...)
Trop de nos contemporains croient encore ou du moins agissent comme s'ils croyaient que les problèmes de la communauté ne sont pas les leurs et qu'à tous les échelons leur solution ne les concerne pas. Sceptiques ou cyniques, résignés ou égoïstes, ils n'ont d'autres visées que la tranquillité, le confort, leur réussite individuelle. D'autres s'en croient quittes avec l'obole périodique à une oeuvre de bienfaisance et le dépôt dans l'urne, tous les trois, quatre ou cinq ans, d'un bulletin de vote rempli au hasard des caprices des circonstances ou des passions. (...)
La démocratie ne doit pas être solitude, abandon de l'homme, et c'est peut-être pour en avoir eu une conception trop formaliste, l'avoir trop interprétée dans les seuls termes politiques qu'on n'a pu faire de ce nouveau régime ce que ses pionniers en rêvaient. Donc, il faut refuser l'abandon de l'homme, mais il faut refuser aussi la mainmise de l'État sur les hommes; il faut rejeter l'individualisme stérile, mais aussi le collectivisme totalitaire. Alors, que reste-t-il? Il reste à bâtir une démocratie authentique, une démocratie intensément sociale, et cela ne peut être l'oeuvre que des citoyens eux-mêmes. Entre l'idéologie libérale et la collectiviste, au-delà de l'une et de l'autre, c'est en termes communautaires que nous devons penser la cité démocratique, et cela est vrai a fortiori pour des chrétiens.
Ce qui cimente la cité, en démocratie plus que partout ailleurs, ce qui en constitue l'indestructible fondement, ce ne sont pas la puissance matérielle et la richesse malgré tout l'intérêt qu'elles offrent pour la recherche de biens supérieurs. C'est la foi commune, c'est le commun service d'une même cause. (...)
Résumant admirablement la pensée traditionnelle de l'Église sur le sujet, - un sujet d'une angoissante actualité - le Saint-Père appelle les chrétiens et, au-delà, tous les hommes de bonne volonté à une triple tâche: vigilance, étude et action. Et ne sont-ce point là justement, les trois aspects majeurs du service de la communauté auquel nul citoyen ne saurait se dérober?
Vigilance d'abord, c'est-à-dire le devoir de suivre de près, jour après jour et non pas seulement en période électorale, l'évolution des problèmes qui confrontent la communauté et la nature des solutions que les dirigeants du moment tentent d'y apporter.
Le Souverain Pontife soulignait également la nécessité de l'étude, de la connaissance au moins sommaire, par tous, des grands problèmes contemporains. A quoi servirait, en effet, une vigilance qui ne saurait ni quand ni comment s'affirmer? Comment serait-elle seulement possible de la part des gens qui ignoreraient tout ou presque des questions en jeu, qui n'auraient été formés ni à l'analyse ni à la réflexion? Au siècle passé, et encore au début de celui-ci, il pouvait suffire de posséder une probité à toute épreuve et un robuste bon sens pour remplir les devoirs du citoyen et même accéder à certains postes.
Cette période est révolue. (...)
Et voilà qui nous amène au troisième et dernier aspect du devoir civique: l'action directe. (...) Parmi les droits de la communauté en régime démocratique, celui de requérir la contribution directe de certains des citoyens constitue l'un des plus importants. Lorsque l'on aborde la question, trop de personnes ne l'entendent que dans le sens limité des charges officielles. Mais, pour être les plus remarquées, celles-ci ne sont pas les plus importantes.
A côté d'elles, et de plus en plus, prolifèrent les postes les plus variés, aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public. Si brillante, dynamique et bien intentionnée soit-elle, une équipe de dirigeants démocratiquement élus ne saurait pratiquement rien accomplir si elle ne pouvait s'appuyer sur un nombre considérable de citoyens qui, soit comme hauts fonctionnaires, soit comme conseillers bénévoles, soit comme chefs des associations les plus diverses, accomplissent un rôle vital dans le maintien et la promotion de la communauté. (...)
Ainsi donc, vigilance, étude et action, tel est le triptyque dans lequel se concrétise la volonté de service de la communauté; telle est la triple attitude sans laquelle nul ne peut prétendre au titre de citoyen dans le cadre d'un régime qui ne peut subsister que comme le fruit d'une tension féconde entre liberté et solidarité.
Qu'un de ces termes vienne à disparaître et l'édifice démocratique éclate, se transformant en une société soit purement individualiste et libérale, soit collectiviste et totalitaire. Dans les deux cas, c'est la négation de la personne, parce que c'est le renoncement à la forme communautaire de société, la seule où l'homme puisse s'épanouir harmonieusement et réaliser pleinement sa vocation.
Placée dans cette perspective, la conception du citoyen retrouve sa dimension spirituelle et rejoint l'enseignement de l'Église. En conférant à l'homme la dignité dans la liberté, en lui imposant l'amour de son semblable dans le dévouement envers chacun et le service du bien commun, l'Église a, en fait, posé les fondements du régime démocratique. Par là même qu'il ouvre à l'action de l'homme, de tout homme, les plus vastes possibilités; par le fait qu'il lui reconnaît non seulement la maîtrise de son destin particulier mais le droit à fixer celui de la cité, ce régime présuppose chez l'homme une noblesse de sentiments et une éthique exigeantes. (...)
A la crainte de l'esclavage envers son maître, à la fidélité du cerf envers son seigneur, à la loyauté du sujet envers le monarque absolu, l'homme contemporain a la fierté de pouvoir substituer le libre service de ses semblables et le dévouement spontané à la communauté qui lui permet sa liberté et au progrès de laquelle il collabore. Mais l'homme d'aujourd'hui se rend-il compte de la chance qui lui est donnée, de la portée de ce que d'autres ont péniblement conquis pour lui? Ou attendra-t-il pour ce faire que cet incommensurable avantage lui ait été ravi par des incarnations nouvelles du totalitarisme?
S'il est permis d'espérer un ressaisissement, - et je pense que pareil espoir reste pour quelque temps encore entièrement fondé, - ce ressaisissement ne pourra s'opérer que si la cité, enfin est formée d'authentiques citoyens.
Puissent du moins chez nous tous les efforts se conjuguer, dans tous les milieux, pour que progressivement le civisme, dans sa forme la plus généreuse et la plus large, informe notre régime démocratique, anime toutes ces petites démocraties que sont nos institutions municipales, comme ces plus grandes démocraties que sont les États provinciaux et le fédéral.
Civisme, conscience de sa qualité de citoyen; civisme, acceptation de ses devoirs sociaux; civisme, service volontaire, joyeux, continu de la communauté. Lui seul permettra que, longtemps aspiration généreuse, la démocratie devienne une réalité totale pour le bénéfice de tous les hommes, la voie féconde de l'épanouissement de tous les membres de la communauté, l'instrument du progrès de tous par le progrès de la cité.
Source: Jean Drapeau, " Le civisme et la cité", dans Les Semaines Sociales du Canada, Montréal, École sociale populaire, 1955, pp. 145-160 tiré dans Daniel Latouche et Diane Poliquin-Bourassa, Le manuel de la parole, manifestes québécois, Tome 2 1900 à 1959, Montréal, Éditions du Boréal Express, 1978, pp. 297-302.
Numérisé par Igor Tchoukarine, Université de Sherbrooke