Manifeste du FLQ
En février 1963 un groupe se détache du «Réseau de Résistance» pour fonder un nouveau mouvement spécialisé dans l'action terroriste: le Front de libération du Québec (FLQ). L'usage de la violence se veut un moyen de sensibiliser la population à sa cause, soit la libération du Québec de la tutelle économique anglophone. Dès le 23 février, le FLQ met en oeuvre ses actions terroristes et dépose une bombe à une station de radio anglophone. Les années 1960 seront marquées par une série d'attentats terroristes et d'arrestations qui s'en suivent. En 1970, le FLQ enlève le diplomate britannique James Richard Cross. Ce qui marque le début de la Crise d'octobre au Québec. Le FLQ pose six conditions, dont la libération d'un certain nombre de prisonniers politiques, le versement de 500 000 dollars et la publication de son manifeste dans les journaux du Québec.
Le Front de libération du Québec nest pas le Messie, ni un Robin des bois des temps modernes, cest un regroupement de travailleurs québécois qui sont décidés à tout mettre en uvre pour que le peuple du Québec prenne définitivement en mains son destin.
Le Front de libération du Québec veut lindépendance totale des Québécois, réunis dans une société libre et purgée à jamais de sa clique de requins voraces, les " big boss " patronneux et leurs valets qui ont fait du Québec leur chasse gardée du cheap labor et de lexploitation sans scrupules.
Le Front de libération du Québec nest pas un mouvement dagression, mais la réponse à une agression, celle organisée par la haute finance par lentreprise des marionnettes des gouvernements fédéral et provincial (le show de la Brinks, le bill 63, la carte électorale, la taxe dite de " progrès social " (sic), power corporation, lassurance-médecins, les gars de Lapalme).
Le Front de libération du Québec sautofinance dimpôts volontaires (sic) prélevés à même les entreprises dexploitation des ouvriers (banques, compagnies de finance, etc.).
" Les puissances dargent du statu quo, la plupart des tuteurs traditionnels de notre peuple, ont obtenu la réaction quils espéraient, le recul plutôt quun changement pour lequel nous avons travaillé comme jamais ; pour lequel on va continuer à travailler. " René Lévesque, 29 avril 1970.
Nous avons cru un moment quil valait la peine de canaliser nos énergies, nos impatiences comme le dit si bien René Lévesque, dans le Parti québécois, mais la victoire libérale montre bien que ce quon appelle démocratie au Québec nest en fait et depuis toujours que la " democracy " des riches. La victoire du Parti libéral en ce sens nest en fait que la victoire des faiseurs délections Simard-Cotroni. En conséquence, le parlementarisme britannique, cest bien fini et le Front de libération du Québec ne se laissera jamais distraire par les miettes électorales que les capitalistes anglo-saxons lancent dans la basse-cour québécoise à tous les quatre ans. Nombre de Québécois ont compris et ils vont agir. Bourassa dans lannée qui vient va prendra de la maturité : 100 000 travailleurs révolutionnaires organisés et armés ! Oui il y en a des raisons à la victoire libérale. Oui il y en a des raisons à la pauvreté, au chômage, aux taudis, au fait que vous M. Bergeron de la rue Visitation et aussi vous M. Legendre de Ville de Laval qui gagnez 10 000 dollars par année, vous ne vous sentiez pas libres en notre pays le Québec.
Oui il y en a des raisons, et les gars de la Lord les connaissent, les pêcheurs de la Gaspésie, les travailleurs de la Côte Nord, les mineurs de la Iron Ore, de Québec Cartier Mining, de la Noranda les connaissent eux aussi ces raisons. Et les braves travailleurs de Cabano que lon a tenté de fourrer une fois de plus en savent des tas de raisons.
Oui il y en a des raisons pour que vous, M. Tremblay de la rue Panet et vous, M. Cloutier qui travaillez dans la construction à St-Jérôme, vous ne puissiez vous payer des " vaisseaux dor " avec de la belle zizique et tout le fling flang comme la fait Drapeau-laristocrate (5), celui qui se préoccupe tellement des taudis quil a fait placer des panneaux de couleurs devant ceux-ci pour ne pas que les riches touristes voient notre misère.
Oui il y en a des raison pour que vous Madame Lemay de St-Hyacinthe vous ne puissiez vous payer des petits voyages en Floride comme le font avec notre argent tous les sales juges et députés. Les braves travailleurs de la Vickers et ceux de la Davie Ship les savent ces raisons, eux à qui lon a donné aucune raison quils voulaient se syndiquer et à qui les sales juges ont fait payer plus de deux millions de dollars parce quils avaient voulu exercer ce droit élémentaire. Les gars de Murdochville la connaissent la justice et ils en connaissent des tas de raisons.
Oui il y en a des raisons pour que vous, M. Lachance de la rue Ste-Marguerite, vous alliez noyer votre désespoir, votre rancur et votre rage dans la bière du chien à Molson. Et toi, Lachance fils avec tes cigarettes de mari Oui il y en a des raisons pour que nous, les assistés sociaux, on vous tienne de génération en génération sur le bien-être social. Il y en a des tas de raisons, les travailleurs de la domptar à Windsor et à East Angus les savent. Et les travailleurs de la Squibb et de la Ayers et les gars de la Régie des Alcools et ceux de la Seven Up et de Victoria Precision, et les cols bleus de Laval et de Montréal et les gars de Lapalme en savent des tas de raisons.
Les travailleurs de Dupont of Canada en savent eux aussi, même si bientôt ils ne pourront que les donner en anglais (ainsi assimilés, ils iront grossir le nombre des immigrants, Néo-Québécois, enfants chéris du bill 63).
Et les policiers de Montréal auraient dû les comprendre ces raisons, eux qui sont les bras du système ; ils auraient dû sapercevoir que nous vivons dans une société terrorisée parce que sans leur force, sans leur violence, plus rien ne fonctionnait le 7 octobre !
Nous en avons soupé du fédéralisme canadien qui pénalise les producteurs laitiers du Québec pour satisfaire aux besoins anglo-saxons du Commonwealth ; qui maintient les braves chauffeurs de taxi de Montréal dans un état de demi-esclaves en protégeant honteusement le monopole exclusif de lécurant Murray Hill et de son propriétaire-assassin Charles Hershorn et de son fils Paul qui, à maintes reprises, le soir du 7 octobre, arracha des mains de ses employés le fusil de calibre 12 pour tirer sur les chauffeurs et blesser ainsi mortellement le caporal Dumas, tué en tant que manifestant ; qui pratique une politique insensée des importations en jetant un à un dans la rue les petits salariés des Textiles et de la Chaussure, les plus bafoués au Québec, aux profit dune poignée de maudits " money-makers " roulant cadillac ; qui classe la nation québécoise au rang des minorités ethniques du Canada. Nous en avons soupé, et de plus en plus de Québécois également, dun gouvernement de mitaines qui fait mille et une acrobaties pour charmer les millionnaires américains en les suppliant de venir investir au Québec, la Belle Province où des milliers de milles carrés de forêts remplies de gibier et de lacs poissonneux sont la propriété exclusive de ces même Seigneurs tout-puissants du XXe siècle ; dun hypocrite à la Bourassa qui sappuie sur les blindés de la Brinks, véritable symbole de loccupation étrangère au Québec, pour tenir les pauvres " natives " québécois dans la peur de la misère et du chômage auxquels nous sommes tant habituées ; de nos impôts que lenvoyé dOttawa au Québec veut donner aux boss anglophones pour les " inciter ", ma chère, à parler français, à négocier en français : repeat after me : " cheap labor means main-duvre à bon marché " ; des promesses de travail et de prospérité, alors que nous serons toujours les serviteurs assidus et les lèche-bottes des big-shot, tant quil y aura des Westmount, des Town of Mount-Royal, des Hampstead, des Outremont, tous ces véritables châteaux forts de la haute finance de la rue St-Jacques et de la Wall Street, tant que nous tous, Québécois, naurons pas chassé par tous les moyens, y compris la dynamite et les armes, ces big-boss de léconomie et de la politique, prêts à toutes les bassesses pour mieux nous fourrer.
Nous vivons dans une société desclaves terrorisés, terrorisés par les grands patrons, Steinberg, Clark, Bronfman, Smith, Neapole, Timmins, Geoffrion, J.L. Lévesque, Hershorn, Thompson, Nesbitt, Desmarais, Kierans (à côté de ça, Rémi Popol la garcette, Drapeau le dog, Bourassa le serin des Simard, Trudeau la tapette, cest des peanuts!).
Terrorisés par lÉglise capitaliste romaine, même si ça paraît de moins en moins (à qui appartient la Place de la Bourse?), par les paiements à rembourser à la Household Finance, par la publicité des grands maîtres de la consommation, Eaton, Simpson, Morgan, Steinberg, General Motors ; terrorisés par les lieux fermés de la science et de la culture que sont les universités et par leurs singes-directeurs Gaudry et Dorais et par le sous-singe Rober Shaw. Nous sommes de plus en plus nombreux à connaître et à subir cette société terroriste et le jour sen vient où tous les Westmount du Québec disparaîtront de la carte.
Travailleurs de la production, des mines et des forêts ; travailleurs des services, enseignants et étudiants, chômeurs, prenez ce qui vous appartient, votre travail, votre détermination et votre liberté.
Et vous, les travailleurs de la General Electric, cest vous qui faites fonctionner vos usines ; vous seuls êtes capables de produire ; sans vous, General Electric nest rien !
Travailleurs du Québec, commencez dès aujourdhui à reprendre ce qui vous appartient ; prenez vous-mêmes ce qui est à vous. Vous seuls connaissez vos usines, vos machines, vos hôtels, vos universités, vos syndicats ; nattendez pas dorganisation miracle.
Faites vous-mêmes votre révolution dans vos quartiers, dans vos milieux de travail. Et si vous ne le faites pas vous-mêmes, dautres usurpateurs technocrates ou autres remplaceront la poignée de fumeurs de cigares que nous connaissons maintenant et tout sera à refaire. Vous seuls êtes capables de bâtir uns société libre.
Il nous faut lutter, non plus un à un, mais en sunissant jusquà la victoire, avec tous les moyens que lon possède comme lont fait les Patriotes de 1837-1838 (ceux que Notre sainte mère lÉglise sest empressée dexcommunier pour mieux se vendre aux intérêts britanniques).
Quaux quatre coins du Québec, ceux quon a osé traiter avec dédain de lousy French et dalcooliques entreprennent vigoureusement le combat contre les matraqueurs de la liberté et de la justice et mettent hors détat de nuire tous ces professionnels du hold-up et de lescroquerie : banquiers, businessmen, juges et politicailleurs vendus !!!
Nous sommes des travailleurs québécois et nous irons jusquau bout. Nous voulons remplacer avec toute la population cette société desclaves par une société libre, fonctionnant delle-même et pour elle-même, une société ouverte sur le monde.
Notre lutte ne peut être que victorieuse. On ne tient pas longtemps dans la misère et le mépris un peuple en réveil.
Vive le Québec libre !
Vive les camarades prisonniers politiques !
Vive la révolution québécoise !
Vive le Front de libération du Québec !