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Manifeste ouvrier progressiste

C'est dans le contexte d'après Deuxième Guerre mondiale et d'expansion américaine que le Parti ouvrier-progressiste lance son manifeste. Très près des idéaux communistes et se positionnant face à la crainte de voir les valeurs américaines engloutir le mode de vie des Canadiens, le Parti ouvrier-progressiste lance un appel à la résistance auprès de la population. Ce manifeste se veut un appel afin de déloger du Parlement les politiciens qui «vendent» le pays aux Américains.

 

Depuis l'arrivée des premiers colons, il y a quatre cents ans, les Canadiens ont combattu contre la France et la Grande-Bretagne pour l'indépendance nationale. Notre peuple a-t-il traversé trois siècles de luttes seulement pour être, enfin, avalé par les États-Unis? D'une seule voix, les patriotes canadiens répondent: Non! Pour l'empêcher, les Canadiens livreront la plus grande bataille de notre histoire. Nous avons le devoir de sauver notre indépendance nationale de la domination américaine, d'établir la suprématie du Parlement, de regagner le contrôle souverain de nos richesses, nos industries, notre armée, notre politique étrangère et domestique.

Pour réaliser cet idéal hautement patriotique, les Canadiens doivent forger l'unité capable de battre la clique, peu nombreuse mais puissante, des spéculateurs trustards et leurs représentants politiques qui sont en train de perpétrer une nouvelle trahison nationale - nous engouffrer dans une troisième guerre mondiale pour les intérêts des trusts américains.

Notre peuple fidèle à son idéal de paix et de démocratie, doit confondre les traîtres et sauver le Canada en élisant une majorité populaire au Parlement, en élisant un gouvernement populaire. Ce gouvernement instituerait une démocratie populaire, créant les conditions pour réaliser nos rêves d'un vaste développement du pays, d'un progrès social illimité dans la paix et l'amitié avec tous les peuples de la terre.

Quelles sont les tragiques conséquences de la trahison nationale qui nous livre aux États-Unis?

Le développement de notre économie est saboté par les trusts américains géants qui font de nos travailleurs les esclaves de l'industrie américaine. Les États-Unis empêchent, systématiquement et délibérément, la croissance de notre industrie. Ils contrôlent nos richesses naturelles, qu'ils font expédier aux États-Unis comme matières premières, et retourner chez nous comme produits finis à des prix exhorbitants. Nos principales industries, l'automobile, le caoutchouc, appareils électriques, métaux, produits chimiques, pulpe et papier, et de larges secteurs de l'industrie manufacturière, sont contrôlés par les États-Unis. L'augmentation de la population canadienne est obstruée par notre dépendance économique des États-Unis, comme elle l'a été pendant des générations par l'ingérence impérialiste britannique. Les niveaux de salaires au Canada sont inférieurs aux niveaux des salaires payés aux États-Unis. Des millions de dollars s'en vont, sous forme de profits, dans des coffres américains au lieu de servir à l'expansion de nos propres industries.

Les capitalistes canadiens sont attachés corps et âme à la Haute Finance américaine. Par crainte de la démocratie canadienne, ils trahissent les intérêts véritables du pays. Dans l'espoir de pouvoir ainsi s'accrocher plus longtemps à leur pouvoir et à leurs privilèges, ils sont devenus les créatures des États-Unis. S'ils se permettent d'afficher quelques divergences avec les États-Unis, ce sont les divergences de satellites qui cherchent à conserver leurs profits personnels et leurs privilèges de classe.

La poussée vers le fascisme et le règne de terreur déclenchés contre tous les éléments progressistes aux États-Unis servent de modèles pour le Canada. Les impérialistes américains et leurs agents chez nous voient dans nos institutions démocratiques un obstacle à leurs plans. La suprématie du Parlement, le contrôle de la politique étrangère, la souveraineté nationale, le contrôle du marché domestique - les principes défendus par les capitalistes eux-mêmes au temps de la Confédération - sont attaqués et supprimés. Sous le slogan trompeur de "gouvernement mondial", on essaie de nous faire accepter l'idée de la domination du monde par les États-Unis.

Subordonnée à une puissance étrangère, notre politique extérieure n'est plus que l'écho de la politique du Département d'État américain. Le gouvernement canadien contribue à la destruction des Nations Unies, en aidant comme dans les années de 1930 au réarmement de l'Allemagne et du Japon, en participant à l'invasion de la Corée. Il aide à fomenter la "guerre froide", après avoir renié l'alliance antifasciste cimentée pendant la deuxième guerre mondiale. Il rejette le désarmement et l'interdiction de la bombe atomique. En participant activement à l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord jouant, en fait, un rôle dirigeant dans cette cynique alliance de guerre -, il abandonne les droits souverains du Parlement par son engagement de participation automatique dans une guerre mondiale.

Notre territoire a été livré à la machine de guerre américaine. Les généraux américains qui commandent les forces armées du Canada réclament la conscription de la jeunesse canadienne.

Notre industrie du cinéma, la radio, le théâtre, les maisons d'édition et la littérature souffrent de l'invasion américaine dans les domaines de la culture et des arts. Nous sommes envahis par les "comics" immoraux et la pourriture d'Hollywood qui inondent le pays.

En bref, la paix de notre pays, notre souveraineté nationale, le développement de notre industrie et de notre agriculture, la culture de notre peuple - oui, l'avenir même du pays - sont menacés par les États-Unis. Nous pouvons prévoir que la catastrophe économique et la décomposition sociale seront les conséquences de la trahison du Canada aux États-Unis.

Notre peuple ne pourra pas connaître de sécurité tant que cette invasion américaine arrogante dans tous les aspects de notre vie canadienne n'aura pas été repoussée.

Jusqu'à présent, le Parti Ouvrier-Progressiste est le seul parti politique qui combat contre la domination américaine. Les politiciens libéraux, conservateurs, créditistes, les dirigeants de droite du parti CCF, s'unissent pour justifier et intensifier davantage la subordination canadienne aux États-Unis. Mais le peuple du Canada résiste à cette trahison. Il ne peut y avoir de devoir plus sacré que cette résistance pour chaque Canadien qui aime sa patrie, quelles que soient ses idées politiques, philosophiques ou religieuses.

Nous ne devons pas nous laisser prendre dans la trappe de mensonges tendue pour nous entraîner dans une guerre d'agression, une guerre injuste.

Le Canada a déjà combattu dans deux guerres mondiales, d'abord comme partenaire junior de l'impérialisme britannique contre son rival allemand. Après la première guerre mondiale, les trustards canadiens ont repoussé la sécurité collective et le désarmement. Dans les années de 1930, ils ont aidé la Grande-Bretagne et les États-Unis à armer l'Axe fasciste pour une guerre mondiale contre l'Union Soviétique et ils se sont fait complices de l'étranglement de la démocratie espagnole. (... )

Tout comme il aurait été possible d'éviter la deuxième guerre mondiale si l'on avait accepté la nécessité de la coexistence pacifique et l'unité des peuples du monde pour la sécurité collective, ainsi, aujourd'hui, il est possible à l'action unie des peuples d'empêcher une troisième guerre mondiale. Aujourd'hui, pour la première fois dans l'histoire, nous avons la possibilité concrète d'empêcher une guerre mondiale.

Il y a deux camps dans le monde - le camp de la guerre et du fascisme, le camp de la paix et de la démocratie.

Le camp de la guerre et du fascisme est dirigé par les États-Unis, qui poussent à la guerre pour la domination mondiale dans l'espoir de raviver ainsi le système impérialiste moribond en amenant les richesses, les industries et les peuples du monde sous le joug des trusts américains. L'impérialisme cherche toujours à s'étendre au dépens d'autres peuples. Les efforts des États-Unis dans ce sens se produisent alors que l'impérialisme traverse une crise mortelle et qu'un tiers de l'humanité s'est déjà engagé dans la voie socialiste de la libération.

La majorité des peuples du monde est en marche dans une lutte anti-impérialiste. La course à la guerre dirigée par les États-Unis a amené les peuples des pays capitalistes et des colonies à s'engager dans une lutte nouvelle, irrésistible, pour la libération nationale.

Cette lutte populaire pour l'indépendance et la paix prend une nouvelle puissance du fait de l'existence d'un nouveau système d'États - l'Union Soviétique, les Démocraties populaires d'Europe, la République Populaire de Chine. Pour ces États, la paix est une nécessité de leur développement. Un tel système d'États n'a jamais existé auparavant dans l'histoire. Tous les autres États et systèmes d'États étaient basés sur l'exploitation de l'être humain et l'oppression des autres nations. Les nouveaux États socialistes et de démocratie populaire sont fondés sur le pouvoir des travailleurs, la propriété commune des moyens de production et de distribution, l'abolition des privilèges de classe, l'association libre et égale des peuples, la paix mondiale. (...)

La machine de propagande de guerre des États-Unis ment quand elle dit que le communisme sera imposé au Canada par ce quelle appelle "l'agression communiste ". C'est un principe fondamental du communisme que le socialisme n'est possible au Canada, comme dans tout autre pays, que par des changements intérieurs réalisés par la majorité du peuple, et selon les conditions particulières du pays. (...)

La conséquence terrible de ce mensonge, c'est que le Canada dépense des sommes énormes pour l'armement. On est en train d'imposer au peuple canadien une économie de guerre militariste et l'inflation.

La course aux armements et la concentration croissante sur les préparatifs de guerre minent l'économie nationale. Les matériaux essentiels, les usines, l'énergie électrique, la main d'oeuvre, etc., sont enlevés à la production civile, ralentissant de façon décisive ou arrêtant l'expansion indispensable des forces productives de base, et par là provoquant une vague de chômage. L'inflation de la monnaie, l'imposition de taxes écrasantes pour payer les préparatifs de guerre, réduisant systématiquement le pouvoir d'achat du peuple - ce qui, à son tour, réduit encore davantage la production de marchandises pour l'usage civil dans le cadre de la production nationale. Ces facteurs accentuent et développent toutes les contradictions inhérentes au capitalisme. Inexorablement, les États-Unis poussent notre économie nationale vers une crise désastreuse. Il est impossible d'avoir "les canons et le beurre aussi ". (...)

Voici les fondements de la seule politique qui réponde aux besoins économiques, politiques, sociaux et culturels du peuple canadien:

  • Le retrait de toutes les alliances de guerre, telles que l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord. Le rapatriement de tous les soldats canadiens actuellement à l'étranger. La non-intervention dans les affaires intérieures des autres peuples.

  • Un pacte de paix entre les cinq grandes puissances - les États-Unis, l'Union Soviétique, la France, la Grande-Bretagne et la Chine Populaire.

  • L'interdiction de la bombe atomique et de toutes les armes de destruction massive des peuples, avec inspection et contrôle. Un désarmement graduel et contrôlé, tenant compte à chaque étape des besoins de la sécurité nationale de chaque pays.

  • La restauration d'un commandement canadien de nos forces armées. L'abolition de toutes les bases militaires américaines sur le sol canadien.

  • La liquidation du contrôle américain sur les industries et les richesses naturelles du Canada, contrôle dangereux pour la sécurité du pays et nuisible à son développement économique.

  • Une fin à notre dépendance commerciale des États-Unis, aux restrictions imposées par les États-Unis, sur le commerce canadien. Le commerce avec tous les pays, y compris les marchés inépuisables du nouveau secteur socialiste du monde.

La conquête par les ouvriers canadiens de l'indépendance nationale de leurs organisations syndicales fait partie de la lutte pour l'indépendance du Canada. En luttant pour l'autonomie canadienne au sein des unions contrôlées par les États-Unis, pour une politique syndicale qui corresponde aux besoins des ouvriers canadiens, les unions peuvent s'orienter vers l'établissement d'un mouvement syndical uni, contrôlé complètement par les ouvriers canadiens. Il faut mettre fin au contrôle étranger qui pèse sur les unions canadiennes. Nos unions doivent être libres de s'affilier fraternellement avec leurs confrères des autres pays.

Il n'est pas vrai que notre parti veuille la destruction du Commonwealth britannique. Ce sont les États-Unis, avec la complicité des classes dirigeantes britannique et canadienne, qui sont en voie de détruire le Commonwealth. Et le Canada perd, à cause de cela, ses marchés traditionnels du Commonwealth. Nous voulons que les peuples du Commonwealth aient le droit de disposer d'eux-mêmes: ainsi seulement sera-t-il possible de maintenir le Commonwealth, comme une association volontaire de peuples libres et égaux, s'aidant mutuellement dans le domaine du commerce et résistant à la domination impérialiste.

Il y va de l'intérêt du Canada que les peuples coloniaux et semi-coloniaux obtiennent leur liberté; nous n'aurions plus de situation où la politique du Canada pourrait créer des sentiments d'hostilité entre notre peuple et les peuples des pays coloniaux et dépendants. Cela s'applique particulièrement à des pays comme le Salvador et Cuba, où l'impérialisme canadien a des placements considérables qui arrachent des sur-profits au travail de ces peuples.

Le Parti Ouvrier-Progressiste réclame la complète égalité du peuple indien et du peuple eskimo, pour leur droit de disposer d'eux-mêmes, pour leur garantir la propriété de leurs terres, leur fournir des terres additionnelles adéquates, leur donner une aide matérielle pour le développement de leur vie et de leur culture, si outrageusement spoliés par les exploiteurs du Canada. (... )

 

LE DROIT DU CANADA FRANÇAIS À DISPOSER DE LUI-MÊME

Notre pays est composé de deux nations, la nation canadienne-française et la nation canadienne-anglaise. Le Parti Ouvrier-Progressiste dit que le Canada français est une nation - un peuple stable, historiquement constitué, avec son propre territoire, sa propre langue et sa propre culture.

La transformation progressive de la structure économique et sociale du Canada ne peut se réaliser que dans l'union la plus étroite des peuples du Canada français et du Canada anglais dans une lutte commune. Unissant les ouvriers avancés du Canada français et du Canada anglais dans un parti unique et indivisible, le Parti Ouvrier-Progressiste est dédié à la tâche de forger l'union indestructible des peuples des deux nations canadiennes.

Une telle union ne peut être réalisée et maintenue que si elle est volontaire, c'est-à-dire si elle découle du choix libre du peuple de chacune des deux nations. Voilà pourquoi, afin de souder l'amitié et l'union étroite de nos deux peuples, il est nécessaire pour les Canadiens de langue anglaise de reconnaître l'existence de la nation canadienne-française, sa souveraineté et ses droits entiers, y compris le droit de sécession. Le Canada de langue anglaise ne saurait imposer au Canada français d'institution, changement social ou politique contre la volonté du peuple du Québec. L'avenir du Canada français sera déterminé par le peuple canadien-français lui-même.

Les droits arrachés à la classe dirigeante britannique par le peuple canadien-français au cours de plusieurs générations de luttes populaires doivent être sauvegardés et garantis, y compris la reconnaissance de la langue française comme l'une des deux langues officielles du pays, le droit à un gouvernement provincial autonome en ce qui regarde le contrôle de l'éducation et des autres questions intéressant particulièrement les Canadiens français.

Voilà plus de deux siècles que la majorité des Canadiens français s'oppose à la domination du Canada par l'impérialisme britannique. La lutte pour l'indépendance canadienne est au coeur même de la tradition démocratique du Canada français. De plus en plus, le Canada français se rend compte que c'est l'impérialisme américain, aujourd'hui, qui menace ses droits nationaux, ses intérêts les plus chers, la vie même des travailleurs canadiens-français. Le peuple canadien-français ne pourra atteindre à la pleine liberté nationale avant d'avoir brisé la domination de l'impérialisme américain sur Québec, comme sur le reste du Canada. C'est dans la lutte pour l'indépendance canadienne que le Canada français va conquérir la pleine reconnaissance de son droit de disposer de lui-même.

Le Parti Ouvrier-Progressiste, parti des ouvriers canadiens-français et des ouvriers de langue anglaise, demande aux Canadiens de langue anglaise d'accorder leur appui le plus entier aux aspirations nationales du peuple canadien-français dans tous les domaines économique, politique, culturel, constitutionnel. Notre Parti combat la discrimination nationale pratiquée contre les ouvriers canadiens-français - salaires inférieurs à ceux de l'Ontario, revenus agricoles plus bas, pires conditions de santé et de logement, difficultés d'accès aux métiers spécialisés et aux professions.

Le peuple canadien-français - y compris les nationalistes - verra au cours de la bataille pour réaliser ses aspirations nationales que ce sont les impérialistes américains, et leurs agents comme St-Laurent et Duplessis qui menacent ses droits nationaux, qui menacent d'imposer la conscription. Il se joindra ainsi à la coalition populaire pour la paix et l'indépendance. Dans cette lutte, qui est la lutte commune de tous les Canadiens, les ouvriers canadiens-français doivent résister au nationalisme bourgeois, et combattre en tout temps pour l'unité avec les travailleurs de langue anglaise.

Nous dénonçons le chauvinisme des tories anglo-canadiens qui regardent le peuple du Québec comme une " race vaincue ", et qui s'unissent aux capitalistes canadiens-français pour conserver Québec comme une zone spéciale d'exploitation d'où ils arrachent des profits fabuleux. La classe ouvrière est la seule capable de guider le peuple du Québec dans une lutte conséquente pour sa liberté nationale. (...)

 

LA DÉMOCRATIE POPULAIRE

Le gouvernement populaire devra, pour remplir son mandat, transformer la politique actuelle du Canada, dont le but est la guerre mondiale et le fascisme, en une politique de paix et de démocratie populaire, suivant le programme de la coalition populaire et des alliances nouées autour d'elle.

Le gouvernement populaire proclamera l'adhésion du Canada à une politique de paix négociée, de désarmement contrôlé et d'amitié avec tous les peuples.

Sa politique étrangère sera fondée sur le principe de la coexistence pacifique des systèmes capitaliste et socialiste.

Il prendra les mesures nécessaires pour mettre fin à la domination du Canada par l'impérialisme américain.

Il adoptera un drapeau canadien.

Il se retirera des alliances de guerre comme l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN).

Le gouvernement populaire abolira le contrôle militaire exercé sur le Canada par les États-Unis; il mettra fin à l'occupation par l'Armée américaine de secteurs stratégiques de notre territoire, prendra le contrôle des bases canadiennes occupées actuellement par les Américains, restaurera au Canada le commandement des forces armées canadiennes.

Il rapatriera les forces canadiennes maintenant stationnées à l'étranger et ne maintiendra sur notre territoire que les forces nécessaires à notre sécurité nationale.

Il proclamera le droit du Canada français à disposer de lui-même, y compris le droit de sécession. Si le peuple canadien-français décide librement de demeurer dans la Confédération, sa représentation et sa participation au gouvernement seront établies sur la base de sa complète liberté nationale. (...)

Une loi de la sécurité sociale fera disparaître les contributions des travailleurs aux fonds de l'assurance-chômage, pensions de vieillesse et autres; tous les argents seront fournis par le gouvernement et l'industrie. On augmentera les pensions de vieillesse, ainsi que les allocations aux infirmes, aux vétérans, aux veuves, à tous ceux qui souffrent d'incapacité temporaire ou permanente, afin de leur permettre de vivre une vie confortable et d'accorder à leurs enfants tous les soins nécessaires.

On créera un service national de santé complet, accordant à toutes les familles un service médical gratuit, efficace et moderne. On construira de nouveaux hôpitaux; des centres sanitaires et des cliniques seront établis dans chaque localité.

Comme complément à ces soins médicaux, on instituera de vastes programmes de récréation et de sport; on bâtira des gymnases, des piscines, des terrains de jeux et des patinoires afin que les loisirs contribuent à élever les standards de santé et à prolonger la vie. (...)

La première préoccupation du gouvernement populaire ira à la jeunesse. Toutes les avenues de progrès et d'avancement lui seront ouvertes; la science et la technique lui offriront un champ de développement illimité. La jeunesse ne connaîtra plus de jours d'insécurité, de confusion et de guerre. On éliminera toute forme de discrimination contre les jeunes dans l'industrie, et toute forme spéciale d'exploitation de la jeunesse.

Salaire égal à travail égal - ce sera la règle dans l'industrie et les services publics: il n'y aura pas de discrimination contre les femmes. Cela sera garanti par des lois spéciales qui remplaceront la législation hypocrite actuelle qui ne sert qu'à légaliser la discrimination dont souffrent les femmes qui travaillent. Afin de surmonter les difficultés pratiques qui empêchent présentement les femmes de prendre une part complète à la vie du pays, on construira des crèches et des garderies d'enfants; on donnera des bénéfices maternels gratuits. La famille connaîtra ainsi une unité véritable et contribuera grandement à l'organisation sociale de notre peuple.

Un gouvernement populaire interdira que les cultivateurs soient expulsés de leurs terres; il réduira les paiements d'intérêts, fournira une assurance sur les récoltes, donnera la sécurité par le moyen de crédits d'État pour l'achat de machines agricoles, réduira les prix industriels pour les cultivateurs, donnera des subsides pour les prix des produits de la ferme aux consommateurs, encouragera le développement d'organisations de distribution contrôlé de façon démocratique, et il étendra le commerce agricole avec tous les pays.

Les petits marchands et les petits hommes d'affaires bénéficieront de la prospérité croissante d'un Canada en paix. Ils seront libérés de toutes les restrictions imposées par les trusts. (...)

La coalition populaire, la base de masse du gouvernement populaire, mènera une lutte incessante contre les éléments qui, dans son sein, font preuve d'hésitation et tente de l'orienter dans une voie réactionnaire.

Il est impossible de mettre fin à la subordination nationale aux intérêts américains et de conquérir l'indépendance nationale sans porter un coup mortel à l'ennemi intérieur -les trustards canadiens, ennemis de la démocratie, source de toute politique réactionnaire intérieure et extérieure.

Il est inévitable qu'il y ait une lutte pour transformer la société capitaliste en société socialiste. Il faudra passer des buts démocratiques de l'indépendance nationale et de la paix au but socialiste de la transformation de la société - pour laquelle, objectivement, le Canada est déjà prêt. La lutte pour l'indépendance nationale va se fondre avec l'idée grandissante du socialisme parmi les masses du Canada.

C'est le caractère socialiste de cette transformation fondamentale qui détermine la relation des forces de classe. Nulle autre classe que la classe ouvrière ne peut mobiliser et diriger le peuple canadien vers la formation d'un gouvernement populaire, et diriger ce gouvernement vers la transformation socialiste du Canada. Parce que leur vie même dépend de la vente de leur force de travail aux employeurs, les travailleurs n'ont que de grands avantages à retirer de la socialisation des moyens de production. Ils sont destinés à conduire le Canada au nouveau stade de développement social - le socialisme. Le rôle dirigeant de la classe ouvrière conduit au pouvoir qu'elle exercera par le gouvernement populaire.

La classe ouvrière ne peut accomplir sa mission historique que par la direction politique du Parti des communistes, armés de la théorie et de la pratique du marxisme-léninisme. Le Parti Ouvrier-Progressiste, comme le Parti de la classe ouvrière, conduira le Canada à un stade nouveau et plus élevé de vie sociale - le socialisme. (...)

Toutes les nations atteindront au socialisme; cela est inévitable. Mais les nations n'atteindront pas toutes au socialisme de la même façon. Chacune apportera des caractéristiques spéciales aux formes de démocratie qu'elle adoptera, aux formes de pouvoir ouvrier qu'elle établiera, au rythme auquel elle réalisera la reconstruction des différents aspects de la vie sociale. Ce serait faire une caricature du marxisme-léninisme que présenter l'avenir sous une couleur terne et uniforme, de déclarer que la classe ouvrière de chaque pays arrivera au pouvoir exactement de la même manière. (...)

Le développement historique du Canada et les perspectives nouvelles offertes par les grands changements survenus dans le monde créent ensemble des conditions qui permettent au peuple canadien d'organiser un nouvel État populaire. Cela se fera en transformant le Parlement - la forme d'État produite par l'évolution historique du Canada - d'instrument de la minorité capitaliste qu'il est aujourd'hui en instrument de la volonté de la majorité du peuple.

La démocratie capitaliste n'est qu'une démocratie formelle. On ne peut pas y exercer en fait les droits reconnus en principe par la loi à cause de la servitude économique de la classe ouvrière.

La démocratie populaire sera une démocratie véritable. Pour la première fois, le peuple canadien jouira de droits réels, non seulement en principe mais en fait. Ces droits seront réels parce qu'ils seront basés sur un nouveau type d'économie socialiste, et sauvegardés par un nouveau type d'État, un État socialiste. (...)

La nationalisation socialiste élimine complètement les capitalistes et leurs représentants politiques. Les bureaux de direction seront composés d'ouvriers, de cultivateurs, de techniciens. Les travailleurs dans les entreprises participeront directement et avec autorité aux discussions et aux décisions concernant les propositions, plans et buts de production. La compétition socialiste élèvera tout le niveau de l'utilisation des moyens de production. On assure, du haut en bas, la participation démocratique des ouvriers et de leurs unions à la direction des entreprises. Une fois que les capitalistes sont exclus, les ouvriers et leurs unions deviennent le facteur principal pour augmenter la production: ils savent que chaque augmentation dans la production signifie une augmentation des revenus, des standards de vie plus élevés pour les travailleurs - et non plus une augmentation de profits pour les capitalistes...

Le Parti Ouvrier-Progressiste est le Parti de la classe ouvrière. Il n'a pas d'autres intérêts que les intérêts de la classe ouvrière.

L'Histoire prouve qu'on ne peut pas gagner la bataille pour le socialisme sans un tel Parti.

Depuis trente ans, les communistes canadiens ont tenu bien haut la bannière du socialisme. Aujourd'hui, la possibilité concrète de gagner le socialisme par la démocratie populaire inspire au Parti Ouvrier-Progressiste un renouveau d'efforts dans la lutte pour un Canada démocratique, un Canada en paix.

La conquête des objectifs proposés dans ce programme sera réalisée dans la voie de l'unité d'action de la classe ouvrière. Le Parti Ouvrier-Progressiste lutte chaque jour pour l'unité d'action de la classe ouvrière pour la cause de la paix, de l'indépendance et de la défense de nos standards de vie. Dans cette lutte quotidienne pour les intérêts immédiats de la classe ouvrière, le Parti Ouvrier-Progressiste rappelle toujours l'objectif ultime de la classe ouvrière - le socialisme.

Le Parti Ouvrier-Progressiste unit dans ses rangs l'avant-garde des travailleurs, les défenseurs les plus militants du socialisme, qui recueillent et poursuivent les grandes traditions démocratiques de William Lyon Mackenzie, Louis-Joseph Papineau, Robert Baldwin, Louis-Hippolyte Lafontaine et Louis Riel, les pères de la démocratie canadienne et héros de luttes populaires. Sa politique et son programme reposent sur les bases inébranlables de la science marxiste qui contient la somme des expériences de la classe ouvrière à travers le monde, telle que développée par Marx et Engels, enrichie par Lénine et Staline. C'est la science de la victoire de la classe ouvrière.

Le Parti Ouvrier-Progressiste demande à tous d'appuyer ce Programme.

Nous appelons à la lutte politique active tous les Canadiens progressistes, tous ceux qui haïssent l'injustice et la guerre, qui veulent la démocratie et la paix, qui aiment nos foyers, nos enfants et notre pays. Nous faisons appel à tous les Canadiens d'idées socialistes, qui reconnaissent le besoin d'un changement social fondamental - joignez-vous à notre Parti, prenez la place qui vous revient dans la lutte pour la paix, l'indépendance nationale et le socialisme.

Nous bâtirons ensemble un monde nouveau et meilleur - un Canada en paix, libre, heureux, prospère, indépendant de toute domination étrangère, dont le peuple sera le seul maître. Dans cette voie, le Canada atteindra finalement au communisme - l'association libre de tous les êtres humains dans une société sans classe, qui vivra selon le principe: "De chacun selon sa capacité, à chacun selon ses besoins ".

 

Sources: Parti ouvrier-progressiste, L'indépendance canadienne et la démocratie populaire, Comité central, Parti ouvrier-progressiste, 1952 tiré dans Daniel Latouche et Diane Poliquin-Bourassa, Le manuel de la parole, manifestes québécois, Tome 2 1900 à 1959, Montréal, Éditions du Boréal Express, 1978, pp. 283-290.

Numérisé par Igor Tchoukarine, Université de Sherbrooke

 


Auteur:Le Parti ouvrier-progressiste
Responsable(s):Stéphane Fontaine

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