Manifestation au Forum de Montréal à la suite de la suspension de Maurice Richard

Émeute sur la rue Ste-Catherine pour protester contre la suspension de Maurice Richard par le président de la LNH, Clarence Campbell, en mars 1955 |
En réplique à la suspension décernée à Maurice Richard , des spectateurs déclenchent une émeute qui force l'interruption d'une partie de hockey entre le Canadien de Montréal et les Red Wings de Détroit.
Le 13 mars 1955, le Canadien de Montréal affronte les Bruins de Boston au Boston Garden. En troisième période, un coup de bâton porté par le défenseur bostonien Hal Laycoe à la tête de l'attaquant Maurice Richard déclenche une violente altercation. Coupé à la tête, Richard riposte avec son bâton au coup de Laycoe avant de se colleter avec le juge de lignes Cliff Thompson. Ce n'est pas la première fois que le joueur étoile du Canadien est impliqué dans une controverse de ce genre et les amateurs de hockey du Québec redoutent la sentence que le président de la Ligue nationale de hockey (LNH), Clarence Campbell, s'apprête à rendre à l'endroit des protagonistes. Le 16 mars, le verdict tombe : Maurice Richard est suspendu pour le reste de la saison -trois parties- et la totalité des séries éliminatoires. Cette décision prive vraisemblablement le Rocket de son premier titre des marqueurs et hypothèque sérieusement les chances du Tricolore de remporter la coupe Stanley. Le 17 mars, un climat de tension enveloppe le Forum pendant la première période du match qui oppose le Canadien aux Red Wings de Détroit. L'arrivée du président Campbell dans la foule attise les passions des amateurs qui le bombardent d'injures et d'objets de toutes sortes. Un spectateur s'approche même de lui pour lui faire un mauvais parti. Presque en même temps, une bombe lacrymogène éclate, créant un tumulte qui force l'annulation de la rencontre après seulement une période. C'est le début d'une longue nuit pour les policiers de Montréal qui vont tant bien que mal tenter de calmer les ardeurs des émeutiers. Leurs efforts ne suffiront pas à empêcher ces derniers de causer d'importants dégâts au Forum et de saccager quelques commerces des rues avoisinantes. Au cours des jours suivants, la presse du pays, et même de l'extérieur, commentera en long et en large les événements. Le débat noircira des dizaines de pages, faisant déborder l'Émeute Richard des chroniques sportives aux pages éditoriales où l'on s'efforcera de mieux saisir le phénomène dans son ensemble. Les opinions divergent mais la plupart des observateurs s'entendront pour souligner la dimension sociale de cette manifestation de colère. Dans son article du 21 avril intitulé «On a tué mon frère Richard», un journaliste du «Devoir», André Laurendeau livre une analyse qui fera époque.