Publication du rapport préliminaire de la Commission d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme

André Laurendeau et Davidson Dunton, coprésidents de la Commission royale sur le bilinguisme et le biculturalisme |
Après vingt mois de travail, la Commission Laurendeau-Dunton, chargée d'enquêter sur le bilinguisme et le biculturalisme au Canada, dépose un premier rapport de 217 pages.
Le rapport de cette commission présidée par le journaliste André Laurendeau et l'intellectuel ontarien Davidson Dunton, utilise un ton alarmiste pour décrire la situation du Canada. Pour les commissaires : «Le Canada traverse la crise majeure de son histoire. Il en résultera soit la rupture, soit un nouvel agencement des conditions de son existence (...) Il y eut d'autres crises auparavant. Mais jamais on n'eut comme aujourd'hui le sentiment que les principes sur lesquels se fonde l'existence du peuple canadien étaient en jeu. Le conflit d'aujourd'hui n'est plus le conflit traditionnel entre une majorité et une minorité. C'est un conflit entre deux majorités : l'anglophone du Canada et la francophone du Québec.» Dans le rapport, on peut également lire: «Le Canada peut durer, progresser et s'épanouir si les Canadiens le veulent d'une volonté égale à celle des hommes qui l'ont bâti.» Le premier ministre Lester B. Pearson dépose le rapport sans formuler de commentaires alors que le chef de l'Opposition à la Chambre des communes, le Progressiste-conservateur John Diefenbaker, considère ce document comme «un recueil de généralités et de platitudes». À Québec, les réactions sont plus vives, même si le premier ministre Jean Lesage et le chef de l'Opposition, Daniel Johnson, ne se prononcent pas de façon définitive avant que les travaux de la commission, qui se poursuivent, ne soient menés à terme.