Inauguration des assises nationales des États généraux du Canada français
Les États généraux du Canada français inaugurent leurs assises nationales à la Place des Arts, à Montréal. Le défi que les délégués tenteront de relever : concevoir en quatre jours le Québec de l'an 2000.
En tout, 1 075 délégués du Québec, 167 de réseaux associatifs et 364 francophones de l'extérieur du Québec prennent part à ces États généraux. Tant sur le plan social, que culturel, politique ou économique, les résolutions adoptées permettent de confirmer la nouvelle orientation prise par les Canadiens français qui s'identifient davantage au territoire québécois qu'au concept de Canada français, ce qui cause certaines tensions avec les francophones des autres provinces. Un fort courant autonomiste se manifeste, les délégués appuyant l'idée que le Québec assume les pleins pouvoirs dans des domaines comme l'éducation, le travail, l'immigration, les communications et les interventions sociales. Une sympathie se dégage aussi à l'égard du projet souverainiste, comme en témoigne les chaleureux applaudissements qu'accordent les délégués au chef du Mouvement souveraineté-association, René Lévesque, venu leur adresser la parole. Survenant quelques semaines avant la fin d'une année particulièrement mouvementée (actions terroristes, Confédération, Exposition universelle, visite du général De Gaulle, fondation du Mouvement souveraineté-association), les États généraux constituent une référence importante dans l'évolution du mouvement nationaliste québécois. Le professeur Jacques-Yvan Morin, qui assure la présidence de l'événement, dit à ce sujet : «Ce qui va se passer ici peut avoir une signification universelle dans la mesure où ce ne sont pas seulement des intérêts matériels qui sont en cause, mais une civilisation et un système de valeurs, le fait français.»