Publication du poème «Speak White» de Michèle Lalonde
Dans son poème «Speak White», Michèle Lalonde dénonce la situation du français au Québec. L'auteure fera la lecture de son poème lors de la Nuit de la poésie, en 1970.
Poème-affiche, «Speak White» contient 108 lignes et montre un ton enflammé d'un texte qui se présente sous des allures évidentes de manifeste. De plus, le poème adopte vaguement la forme de la complainte, sorte de monologue adressé à un interlocuteur absent. Le poème sous-tend la question de la dignité humaine par un langage brutal et exprime un état d'âme et les causes de son désarroi. Mais cette complainte relève non pas d'un individu mais bien d'une collectivité. La poétesse se perçoit comme la porte-parole d'une communauté, le texte étant construit sur le mode d'une alternance entre deux points de vue : d'une part, un «nous» bafoué dans ses droits fondamentaux et d'autre part, la voix de l'autorité, un «vous» répressif où l'on voit un rapport évident de dominant-dominé. Le poème se termine sur une note d'espoir qui invite les francophones à prendre conscience de leur réalité de colonisés.