Annonce de la démission du ministre fédéral de l'Environnement, Lucien Bouchard
Par ce geste, Lucien Bouchard veut protester contre le dépôt du rapport présenté par son collègue Jean Charest . Le ministre démissionnaire considère ce document comme une tentative de diminuer la portée de l'Accord du lac Meech qui vise à faire entrer le Québec dans la Constitution canadienne.
Lucien Bouchard est entré en politique en 1988 aux côtés de son ami, le premier ministre du Canada, Brian Mulroney . Sa décision de quitter les rangs du Parti progressiste-conservateur, qui survient environ dix ans, jour pour jour, après la tenue du référendum de 1980 sur la souveraineté-association, est perçue par plusieurs comme un coup décisif contre les chances de succès de l'Accord du lac Meech dont l'échéance est prévue pour le mois de juin. À l'occasion de cet anniversaire, Bouchard avait d'ailleurs fait parvenir au chef du Parti québécois, Jacques Parizeau, un télégramme controversé qui contenait notamment le passage suivant : «Sa commémoration (le référendum de 1980) est une occasion de rappeler bien haut la franchise, la fierté et la générosité du OUI que nous avons alors défendu, autour de René Lévesque et de son équipe. La mémoire de René Lévesque nous unira tous en fin de semaine, car il a fait découvrir aux Québécois le droit inaliénable de décider eux-mêmes de leur destin.» Dans sa lettre de démission, l'ex-ministre règle ses comptes avec ceux qui tentent de modifier le contenu original de l'accord du lac Meech : «Ce qui devait être une démonstration de générosité et de respect pour le Québec a, au contraire, accentué la ligne de fracture de ce pays et donné libre cours à une recrudescence de préjugés et d'émotions qui ne font honneur à personne. C'est ainsi que le Québec, dont il s'agissait d'obtenir le pardon, a été au contraire mis sur la sellette.» Ce à quoi il ajoute : «Le gouvernement du Québec ne pourra souscrire à ces propositions. J'en suis sûr, autant que je l'espère. Le Québec se trouvera, de nouveau, isolé. C'est ce qu'il fallait à tout prix éviter. Le rôle de victime qui a été dévolu, en 1982, au Québec n'est déjà pas si glorieux qu'il faille, en 1990, lui faire jouer celui de coupable. Par un hypocrite détournement de l'opération initialement conçue, on autorisera ainsi certains historiens à faire porter par le Québec l'odieux d'avoir sabordé, en 1990, vos (le premier ministre Mulroney)efforts de réconcicliation nationale.»