Annonce de l'adhésion de l'économiste Jacques Parizeau au Parti québécois
Lors d'une conférence de presse, l'économiste Jacques Parizeau explique les motivations qui l'ont amené à joindre les rangs du Parti québécois (PQ).
Après avoit étudié dans de prestigieuses écoles européennes, Parizeau a enseigné l'économie politique à l'école des Hautes études commerciales (HEC) en plus d'agir comme conseiller auprès de plusieurs gouvernements québécois au cours des années 60. Sa décision d'adhérer au PQ de René Lévesque , qu'il qualifie de «laborieuse et difficile», apporte une nouvelle crédibilité au mouvement indépendantiste. Lors de cette conférence de presse, tenue au restaurant de l'ex-hockeyeur Émile Bouchard, il explique son point de vue : «Les Canadiens français n'accepteront pas que leur gouvernement, leur gouvernement véritable avec tout ce que cela implique, soit à Ottawa. Il ne reste alors qu'une alternative. Ou bien continuer de chercher à diluer l'État, ou à le neutraliser par des formules de statuts plus ou moins particuliers ou alors clairement placer le gouvernement à Québec». Depuis quelques années, lors d'interventions publiques, Jacques Parizeau s'est montré critique à l'endroit du régime fédéral canadien. En 1964, dans un discours à l'Institut canadien d'administration publique, il soutenait : «Le gouvernement fédéral a été forcé de céder et, en fait, depuis 1954, alors que le Québec a établi son impôt sur le revenu, le gouvernement fédéral n'a jamais cessé de céder.» La conséquence : «un manque de coordination entre le gouvernement fédéral et les provinces, ce qui met en péril tout le système de stabilisation et rend même impossible toute planification fédérale». En 1967, dans un discours prononcé à Banff, Jacques Parizeau était encore plus explicite : «Ce que je pense quant à moi, c'est que le Québec voudra toujours davantage et que la vapeur n'est pas loin d'être renversée. J'estime aussi que l'incapacité du gouvernement fédéral pendant si longtemps de représenter les Canadiens français tout autant que les Canadiens anglais est en grande partie responsable du vide qui s'était créé. Je n'ignore pas qu'Ottawa s'efforce aujourd'hui de corriger la situation. Mais il est peut-être trop tard. Quand une société cherche pendant aussi longtemps le moyen de se réaliser et le trouve finalement au-dedans d'elle, il m'apparaît bien peu probable qu'on puisse la détourner de son but. [...] La question de savoir si le Québec aura ou n'aura pas de statut particulier est byzantine. Québec a déjà un statut particulier embrassant tout un éventail d'activités. Il aura tôt ou tard un statut encore plus particulier. Il deviendra peut-être même indépendant.»