Discours du premier ministre Jean Lesage devant les enseignants

Jean Lesage lors d'une allocution |
La victoire de l'équipe libérale de Jean Lesage marque un tournant dans la conception de l'État. En mars 1961, le premier ministre déclare à ce sujet : «L'État québécois est le point d'appui collectif de la communauté canadienne-française. L'État québécois n'est pas un étranger parmi nous. Allons-nous le comprendre! C'est à nous. Il est à nous. Il nous appartient et il émane de nous.»
Le nouveau premier ministre joue un rôle central dans l'évolution de ce l'on appellera la Révolution tranquille. Cependant, de l'avis de Jacques Parizeau , alors conseiller économique, ce rôle ne fut «pas spectaculaire». Claude Morin, dans une entrevue qu'il accordait au journaliste Pierre Duchesne, estimait pour sa part que le grand mérite de Lesage avait été de «permettre la Révolution tranquille, mais non de l'inventer». Sa grande force fut de s'entourer de ce que l'on appelle l'équipe du tonnerre : Paul Gérin-Lajoie , René Lévesque et Eric Kierans (à partir de 1963). Pour d'autres, l'héritage des années de Maurice Duplessis n'est pas sans importance. Selon Jean Deschamps, sous-ministre de l'Industrie et du Commerce en 1963 : «Avec les fonds de Duplessis, tout était possible, il n'y avait pas de dettes. On pouvait lancer n'importe quel programme, s'embarquer dans tout. Il y avait toujours des fonds.» Claude Morin soutient aussi une certaine continuité, du moins dans la relation que l'État québécois entretenait avec le gouvernement fédéral : «En somme, la Révolution tranquille, c'était les positions de Duplessis, mais à la moderne. Nous ne faisions pas juste réclamer, nous agissions.»