Transfert vers l'Ontario de milliers de certificats en valeurs mobilières par des camions de la Brinks
Quelques jours avant la tenue d'une élection générale au Québec, neuf camions de la Brinks transportent des milliers de certificats de Montréal vers Toronto. La manoeuvre, commandée par la direction du Trust Royal, a pour objectif d'intimider l'électorat qui pourrait être tenté par l'option souverainiste du Parti québécois.
La campagne électorale du printemps de 1970 est la première à laquelle participe le Parti québécois de René Lévesque et plusieurs pensent que les dirigeants des milieux financiers ont provoqué ce coup de théatre financier (le «coup de la Brinks») pour créer un climat de crainte. Toutefois J.W.R. Seatle, vice-président de la compagnie soutient que : «les propriétaires des valeurs transférées deviennent craintif dans l'issue des élections. Le geste ne reflète pas l'attitude de la Royal Trust et la compagnie n'a pas suggéré à ses clients de transférer leurs valeurs. (Celles-ci) seront probablement rapportées après les élections.» Le lendemain, l'incident fait la première page de tous les grands journaux. Rémi Paul, ministre québécois de la Justice, associe René Lévesque à Fidel Castro. Jaques Parizeau, alors candidat du Parti québécois à l'élection générale, estime que les conséquences de cet incident pour le Parti québécois sont palpables : «Dans les derniers jours, le vote nous filait entre les mains. On le sentait nous glisser des doigts comme du sable. Cela annulait tous les efforts qu'on avait faits depuis un bon bout de temps! Dans mon comté, les francophones ont cru dur comme fer que la substance du Québec se transportait à Toronto!»