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Comparution de John H. Roberts à la barre de l'Assemblée législative du Québec

Le premier ministre du Québec, Louis-Alexandre Taschereau , obtient de l'Assemblée législative qu'elle oblige John H. Roberts à venir témoigner à sa barre. Dans son journal «The Axe», Roberts a remis en question l'intégrité du gouvernement qui ferait traîner l'enquête sur le meurtre de Blanche Garneau pour protéger des personnalités influentes.

Blanche Garneau a été retrouvée morte dans le parc Victoria, à Québec, en juillet 1920. Depuis, ses coupables n'ont pas été identifiés, ce qui a incité des journaux à questionner la volonté du premier ministre, qui agit également comme procureur général, à faire toute la lumière sur cette histoire. Les insinuations de Roberts vont encore plus loin, laissant sous-entendre que l'impuissance du gouvernement servirait à protéger deux députés. Le 30 octobre, Taschereau brandit un exemplaire de «The Axe» en chambre. Le 2 novembre, Roberts doit comparaître à la barre de l'Assemblée législative. «Le Devoir» écrit à ce sujet : «Jamais peut-être la comparution d'un citoyen de la province à la barre de la salle de l'Assemblée législative n'a provoqué autant de sensation.» Le premier ministre profite de l'occasion pour défendre son honneur: «Je puis me rendre le témoignage devant les membres de cette Chambre et la province -et celle-ci me rendra ce témoignage- que nous avons fait tout ce qu'il était humainement possible de faire. Rien n'a été omis, aucune piste n'a été négligée et aucune personne n'a été épargnée.» Après un interrogatoire peu concluant pendant lequel Roberts reste évasif sur les fondements de ses accusations, le premier ministre dépose un projet de loi prévoyant l'incarcération de celui-ci pour «violation des privilèges de la Chambre». Il sera sanctionné, mais soulèvera de nombreuses protestations. Le 20 novembre, Armand Lavergne, un député conservateur à la Chambre des communes, sera un des principaux orateurs lors d'une assemblée de protestation qui se déroule au Monument National. Une Commission d'enquête sera mise sur pied pour faire le point sur la situation, mais elle n'empêchera pas l'incarcération de Roberts. Malgré l'impopularité évidente de ce dernier, cette décision aura un effet négatif sur l'image de Taschereau et sur la menace que fait peser ce genre d'action sur la liberté de presse. En dépit d'une baisse de popularité marquée qui s'explique par plusieurs facteurs, le gouvernement libéral sera reporté au pouvoir en février 1923. Pour sa part, Roberts retrouvera sa liberté le 12 avril, après 115 jours d'incarcération.


En référence: Le Devoir, 3 novembre 1922, p.1-2. Robert Rumilly, Histoire de la province de Québec, Montréal, Chantecler, 1940, tome XXV, p.155 et 227, tome XXVI, p.158-180.
En complément:Bernard L. Vigod, Taschereau, Sillery, Septentrion, 1996, 392 pages.
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