Tenue d'une conférence intercoloniale à Londres

Wilfrid Laurier, premier ministre du Canada de 1896 à 1911 |
Le premier ministre Wilfrid Laurier participe à une conférence intercoloniale à Londres. Avant de revenir au Canada, il passe par la France dans le but de définir une nouvelle diplomatie. Sa position face à l'Empire britannique est très claire. Selon lui, cette dernière se compose «d'une multitude de nations libres soumises à un même souverain, mais qui, avant tout, se doivent à elles-mêmes». Il revient de ce voyage le 17 octobre, complètement épuisé, mais sera grandement acclamé partout sur son passage.
La visite de Wilfrid Laurier à Londres suscite beaucoup de réactions dans la presse québécoise. Dans «La Presse» du 28 août 1902, on retrouve par exemple l'extrait suivant: «...M.Chamberlain [ministre britannique aux colonies] s'y était pris de longue date pour nous subjuguer [faire participer le Canada aux mesures impérialistes de l'Angleterre]. Il avait envoyé un gouverneur hardi, avec des instructions fermes; il n'avait pas, depuis quatre ans, négligé de tirer une seule ficelle; les journaux tories [conservateurs] d'Ontario et de Montréal avaient chauffé l'opinion à blanc sur la nécessité de contribuer à la défense de l'Empire en dehors du Canada. Il serait difficile de nier que Sir Wilfrid a renversé tout cet échaffaudage d'un seul coup...» Concernant le voyage de Laurier en France, le journal «La Vérité» affirme par ailleurs au sujet de Laurier: [extrait de l'article de Jules-Paul Tardivel dans le journal «La Vérité»] «Son attitude réservée [celle de Laurier] a sans doute fortement contribué à faire échouer les projets impérialistes de M.Chamberlain. En France, où il s'est rendu ensuite, son attitude nous paraît avoir été également correcte. Il a bien fait comprendre à nos cousins de France que si nous sommes disposés à établir des relations commerciales avec notre ancienne mère-patrie, il ne saurait être question, en aucune façon, de modifier nos relations politiques avec l'Angleterre, surtout en vue d'un rapprochement avec la France. Il a fait clairement comprendre là-bas que personne ici ne désire voir le Canada redevenir colonie française; et en cela, nous ne craignons pas de l'affirmer, il a exprimé fidèlement les sentiments de tous les Canadiens français, sans exception. Les allures de John Bull ne nous plaisent pas toujours, certes; mais pour rien au monde nous ne voudrions rompre avec lui pour unir nos destinées politiques à celles de la France révolutionnaire. Si jamais le Canada français rompt avec l'Angleterre, ce sera en vue d'acquérir l'indépendance... Le premier ministre a parlé correctement en France.»