Décision de l'arbitre britannique, Lord Alverstone, relativement à la délimitation des frontières de l'Alaska

Réunion de la Commission internationale chargée de délimiter les frontières de l'Alaska |
La Commission internationale chargée de délimiter les frontières de l'Alaska prend une décision qui soulève l'ire des Canadiens.
Le Canada envoie à Londres, siège de la Commission internationale chargée de déterminer les frontières de l'Alaska, une délégation d'avocats réputés. Leur mission est de défendre les intérêts canadiens dans ce litige. Cette présence ne suffit pas à empêcher l'arbitre britannique de se ranger du côté des positions américaines, ce que les Canadiens perçoivent comme une volonté anglaise de préserver l'amitié américaine au détriment de leurs intérêts. Les délégués canadiens refusent d'aileurs de signer le traité et sont appuyés publiquement et vigoureusement par le ministre canadien de l'intérieur, Clifford Sifton. Plusieurs journalistes expriment à leur tour le sentiment que la position canadienne dans ce litige était condamnée avant même d'être entendue. Dans le journal «Le Soleil», on peut lire le 22 octobre 1903 : «Le Canada a tout perdu, ou à peu près tout, devant le tribunal de l'Alaska. Le représentant de l'Angleterre s'est rangé du côté des Américains, contre les commissaires canadiens. Cela ne nous étonne guère, car l'Angleterre n'a jamais hésité à nous sacrifier pour maintenir la paix avec les États-Unis. Cela durera tant que le Canada n'aura pas le droit de faire ses propres traités. Ce droit de faire nos propres traités figure en tête du programme du parti libéral depuis l'entrée de M.Laurier (...) en 1877, c'est-à-dire il y a 26 ans. Espérons que M.Laurier réussira un de ces jours à obtenir cette concession.» Les journaux canadiens, tant anglophones que francophones, s'accordent pour affirmer que, par ce traité, l'Angleterre a acheté l'amitié américaine. De plus, les journaux félicitent les délégués canadiens de n'avoir pas signé le traité en question. L'opinion publique s'en prend à l'Angleterre plutôt qu'aux États-Unis. Il n'en faut pas plus pour que le député de Labelle, Henri Bourassa propose aux Communes le 23 octobre, que le Canada traite lui-même directement ses affaires internationales. Bourassa va même jusqu'à demander à ce qu'il y ait un agent canadien à Washington (type de consulat). Le premier ministre canadien, Wilfrid Laurier , ajoutera plus tard qu'il est grand temps que le Parlement impérial concéde au Canada le droit de conclure ses propres traités. Dans la tourmente, les impérialistes canadiens subissent un rude coup. Laurier adopte même certains acrticles importants de la Ligue Nationaliste canadienne d'Olivar Asselin .