30 mars 2025
18 février 1904

Témoignage de Henri Bourassa devant la Commission de colonisation


Labours dans une région rurale du QuébecLabours dans une région rurale du Québec, Paul-André Linteau, René Durocher, Jean-Claude Robert, Histoire du Québec contemporain : de la Confédération à la crise (1867-1929), Montréal, Boréal Express, 1979, p.437

De nombreux problèmes soulevés entre les colons et les marchands de bois amènent la création d'une Commission de colonisation par le gouvernement libéral de Simon-Napoléon Parent . Henri Bourassa , qui est invité à s'adresser aux membres de la commission, fait part de ses observations dans son témoignage.

Bourassa connaît bien les colons pour avoir vécu près d'eux sur la seigneurie de son grand-père, Louis-Joseph Papineau, et pour s'être occupé d'eux en tant que député. Selon lui, la question de la colonisation est primordiale et tout à fait d'actualité. Il veut, dans un Canada autonome, une province de Québec vigoureuse. Or, pour lui, cette vigueur passe par la colonisation. Le témoignage de Bourassa dure plus de deux heures. Deux points capitaux sont à retenir. D'abord, Bourassa souligne que le coeur du problème des colons est le conflit qui les oppose aux marchands de bois. Plus souvent qu'autrement, les compagnies étrangères sont indifférentes aux colons. Par leurs richesses, elles influencent la législation et l'administration et retardent les progrès de la colonisation. Bourassa propose donc la séparation du domaine forestier et du domaine colonisable de manière à supprimer les doubles droits de propriété et les droits simultanés (ex. le colon et le marchand de bois possédant une même terre avec des droits différents). Selon Bourassa, en séparant les deux domaines, on éliminera les conflits tout en rendant les deux partis indispensables l'un à l'autre. Le deuxième point d'importance soulevé par Bourassa est la vente inacceptable du potentiel hydrauliques de la province. Il déplore que cette richesse nationale soit livrée à des étrangers pour des sommes ridicules. Selon ses dires: «Nous cédons pour l'éternité, par simple vente privée, une propriété dont personne ne peut encore dire la valeur, et qui ne s'épuisera jamais. C'est le comble de la démence administrative!»


Source : Robert Rumilly, Histoire de la province de Québec: S.-N.Parent, Montréal, Éditions Bernard Valiquette, 1944, p.116-118.