Démission du premier ministre du Québec, Simon-Napoléon Parent

Simon-Napoléon Parent, premier ministre du Québec |
De fortes dissensions internes au sein du Parti libéral du Québec amènent le premier ministre du Québec, Simon-Napoléon Parent, à démissionner.
L'imbroglio menant à cette démission trouve ses racines dans l'élection surprise déclenchée par le gouvernement du Québec en novembre 1904. La tenue de cette élection précipitée constituait d'une certaine façon un accroc à la démocratie, puisqu'elle a entraîné l'abstention de plusieurs Conservateurs, persuadés qu'ils ne pouvaient se faire justice à cause du court laps de temps prévu pour la campagne. Cette situation a entraîné une remise en question de la discipline de parti chez les Libéraux. De plus, le patronage exercé par Parent et son choix de candidats mène à un conflit personnel entre lui et le sénateur libéral fédéral Philippe-Auguste Choquette. Celui-ci reproche notamment à Parent son appui à un candidat conservateur dans le comté de Charlevoix, qualifiant même le chef libéral de traître. Choquette s'entend ensuite avec trois ministres du cabinet Parent, Lomer Gouin , Adélard Turgeon et William Alexander Weir (les deux premiers ont les yeux sur le poste de premier ministre) qui menacent de démissionner. Le premier ministre canadien, et chef du parti libéral fédéral, Wilfrid Laurier , tient à garder uni le Parti libéral qui détient le pouvoir à Québec et à Ottawa. Il demande aux récalcitrants de limiter les dégâts de façon à ce que Parent puisse laisser son poste de manière élégante, tout en préservant l'unité du parti. Le 6 février 1905, les trois ministres rebelles annoncent leurs démissions en bloc. Ils motivent leur geste en dénonçant l'attitude de Parent qui a gouverné la province sans prendre l'avis de ses collègues, nommé des candidats douteux lors des dernières élections et assermenté Dominique Monet au cabinet des ministres alors que ce dernier était considéré comme un des principaux critiques de Parent. Le 8 février 1905, Gouin, Turgeon et Weir reçoivent l'appui de 44 députés libéraux sur les 69 de l'Assemblée législative. On appelle déjà Lomer Gouin «monsieur le premier ministre». Vers la fin de février, les quelques députés conservateurs à l'Assemblée législative appuient Gouin, surtout pour ses positions sur la colonisation. L'ouverture de l'Assemblée législative est retardée mais la pression reste sur les épaules de Parent qui démissionne finalement le 21 mars. Le lieutenant-gouverneur se tourne alors vers Lomer Gouin qui accepte de former le gouvernement. Plusieurs discours sont faits en chambre pour louer le travail du premier ministre démissionnaire, mais aucun ne condamne ouvertement les «conspirateurs». Gouin, qui forme son cabinet le 23 mars, se contente pour sa part de rassurer le public en déclarant à la presse: «Dites-lui (le public) seulement que tout va bien.» Lomer Gouin restera à la tête du gouvernement québécois jusqu'en 1920.