Discours de Henri Bourassa lors d'une investiture libérale à Beauport

Henri Bourassa, fondateur du journal «Le Devoir» |
Les ministres libéraux appuient le candidat de Wilfrid Laurier , un dénommé Amyot, alors qu'Henri Bourassa et les Nationalistes soumettent «leur» propre candidat, un dénommé Robitaille, afin d'avoir un autre député libéral indépendant à la Chambre des communes. Lors de l'investiture de ce dernier, Henri Bourassa profite de l'occasion pour répliquer à des attaques faites à son endroit quelques jours auparavant.
Devant 20 000 personnes, Bourassa reproche au Parti libéral, son parti, d'imposer ses candidats au peuple, puis d'imposer aux députés une stricte discipline les transformant en machine à voter : «Je donne mon appui au parti libéral; cet appui est désintéressé, car je ne quête ni charge ni honneurs, mais il n'est pas aveugle. Lorsque je juge que le gouvernement se détourne du vrai chemin, je me refuse à le suivre. Les occasions où j'ai été forcé de me séparer du parti libéral n'ont pas été nombreuses; il n'y en a que trois ou quatre, mais elles étaient d'une importance souveraine: la question des contingents sud-africains, celle des écoles du Nord-Ouest et du maintien de la langue française, enfin celle de l'observance du dimanche. Il ne s'agit pas de déchirer le vieux drapeau libéral; au contraire, il s'agit de le planter plus avant que jamais, et d'y inscrire ces deux mots qui en faisaient autrefois toute la signification et qui en ont été effacés: Liberté, Indépendance.» Ce discours d'appui au candidat libéral indépendant Robitaille est aussi une réplique aux nombreuses injures reçues par Bourassa lors des dernières semaines dans les journaux libéraux. Le 23 octobre, Robitaille sera élu par 447 voix dans le comté de Québec. Pour plusieurs observateurs, cette victoire du clan «nationaliste» signifie que l'emprise de Wilfrid Laurier sur le Québec est en train de s'effriter.