Publication du Rapport de l'enquête Coderre

Pierre Bélanger, chef de la police de Montréal de 1921 à 1928 |
Publié suite à une enquête qui débute le 6 octobre 1924 et se termine le 13 mars 1925, ce rapport fait des révélations étonnantes sur la police montréalaise. Un simple attentat contre un camion blindé révèle les supercheries politiques.
Dans son rapport, le juge arrive à la conclusion que le Service de police de Montréal est sclérosé et embourbé dans la routine. Les cadres n'exercent plus de contrôle sur leurs subordonnés. Les causes internes de cette inefficacité sont : les lacunes d'encadrement, le manque de formation des agents et de coordination ainsi que l'inconduite. Les policiers avaient conçu un système de «double rabattage». Par exemple : « un voleur vendait le produit de son délit à un receleur chez qui la victime du vol était ensuite amenée. Elle devait alors, conseillée en ce sens par les policiers, racheter du receleur les objets qu'on lui avait volés. Le receleur et les policiers se partageaient ensuite les bénéfices de l'opération.» Les causes externes se situent au niveau du syndicalisme policier et du manque d'autonomie du chef de police. Le chef actuel, Pierre Bélanger n'est qu'un surintendant. Ce dernier, selon le rapport, abusait de son pouvoir de recrutement et de promotion. Il a embauché au sein de son équipe des repris de justice qui étaient libérés sous conditions. De plus, le rapport révèle les liens entre la police et le pouvoir politique municipal qui, selon le témoignage de l'échevin Léon Trépanier, avait un rôle décisif lors des élections. Les policiers allaient jusqu'à séquestrer des officiers du candidat adverse, fabriquer des faux bulletins de vote et empêcher les citoyens d'aller aux urnes. Finalement, le rapport recommande la nomination d'un chef de police responsable et indépendant, de dresser le casier judiciaire des édifices où l'on retrouve de la prostitution et d'accroître la sévérité des sanctions. Aucune de ses recommandations ne fut retenue puisque le comité exécutif y voyait une machination pour l'expulser du conseil.