Dépôt du rapport de la Commission Aird sur la radio au Canada
Dix mois après sa création, le 6 décembre 1928, la Commission Aird, du nom de celui qui la dirige, John Aird, le président de la Banque canadienne de commerce, dépose son rapport. Aird était assisté dans ses fonctions par deux commissaires, Augustin Frigon, le directeur général de l'Enseignement technique de la province de Québec, et Charles-A. Bowen, le rédacteur en chef du «Citizen» d'Ottawa.
La Commission Aird était chargée d'enquêter sur la situation de la radio au Canada. Sa création répondait aux inquiétudes de plusieurs Canadiens qui sentaient l'identité de leur pays menacée par la popularité de la programmation des stations américaines. Dans ses conclusions, la Commission suggère au gouvernement la création d'une Compagnie canadienne de radiodiffusion qui soit publique, la diminution de la publicité commerciale dans les programmes et la présence d'une plus grande place à l'éducation dans les émissions. Avant de déposer leur rapport, les commissaires ont visité plusieurs pays d'Europe, s'intéressant particulièrement au modèle de la British Broadcasting Corporation (BBC). Ils ont également tenu des séances publiques dans 25 villes canadiennes, en plus de recevoir 124 mémoires. Comme le révèle le passage suivant, la question de l'identité canadienne est au coeur des préoccupations des commissaires : «Actuellement, la plupart des programmes radiodiffusés proviennent de source extra-canadiennes. Or, on a insisté auprès de nous pour nous faire entendre que la réception continuelle de ce genre de programmes tend à modifier la mentalité de la jeunesse de chez nous, de façon à lui inculquer un idéal et des opinions qui ne sont pas canadiennes.» Il faudra attendre 1932 avant que le gouvernement conservateur de Richard Bennett ne donne suite au voeu de la Commission Aird en créant la Commission canadienne de la radiodiffusion.