Discours du premier ministre René Lévesque devant l'Economic Club de New York
Un peu plus de deux mois après l'élection du Parti québécois (PQ), le premier ministre René Lévesque se rend à New York pour prononcer un discours devant l'Economic Club. Il recevra un accueil plutôt tiède de son auditoire, composé en grande partie de gens d'affaires.
Dans ce discours d'une trentaine de minutes, le premier ministre emprunte un ton rassurant afin d'expliquer aux 1 600 invités les objectifs que poursuivra son gouvernement au cours du mandat qui débute. «Après la «quiet revolution», nous aurons bientôt la «quiet independance»» déclare Lévesque qui précise «que les Québécois sont déterminés à procéder aux changements qui s'imposent en recourant uniquement et strictement aux voies démocratiques.» Le premier ministre aborde également des thèmes comme un éventuel référendum, le partenariat économique qui sera proposé au Canada, la part du privé et des investisseurs étrangers dans l'économie québécoise ainsi que le contrôle serré des dépenses et des emprunts que son gouvernement entend pratiquer. À un autre niveau, Lévesque fait un parallèle entre l'accession à l'indépendance du Québec et celle des États-Unis qui recevra un accueil particulièrement négatif dans la presse canadienne anglaise. Pour lui : «L'indépendance est donc devenue aussi naturelle, aussi normale, je dirais presque aussi inévitable que ne l'était l'indépendance américaine il y a deux cents ans.» Réagissant à ce discours, le premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau, affirme que l'indépendance ne se fera pas, parce qu'elle «n'est pas vraiment nécessaire au programme qu'a exposé M.Lévesque à ses interlocuteurs, et ensuite parce que celui-ci ne cherche pas lui-même «l'indépendance pure» mais une association économique avec le reste du Canada qui devra donc, en toute équité, avoir son mot à dire.»