Albert Poulin, premier Scout du Diocèse de Sherbrooke.
Naissance du scoutisme en Estrie (Paroisse Notre-Dame du Perpétuel-Secours, Sherbrooke).
strong>Albert Poulin, premier Scout du Diocèse de Sherbrooke Au Révérend Père Adalbert Guillot, Curé de la paroisse de 1927 à 1933, à Albert Poulin, jeune étudiant au Séminaire de Sherbrooke, l'honneur et le mérite d'avoir fondé le Scoutisme non seulement au Perpétuel-Secours, mais encore dans tout le diocèse. Ancien élève du Séminaire de Québec, le Père Guillot, très versé dans la sociologie et les mouvements d'apostolat, gardait envers la jeunesse une confiance illimitée. Quelques années plus tard, Bernanos écrira : « Quand la jeunesse se refroidit, c'est le monde entier qui claque des dents. » Depuis peu adapté aux jeunes catholiques de la Province de Québec, le Scoutisme reçut tout de suite les bonnes grâces du Père Guillot, qui résolut de l'instaurer dans sa paroisse. Il eut l'oeil averti en discernant chez Albert Poulin, seize ans, le premier Scoutmestre. Albert ne connaissait pourtant rien du Scoutisme, rien du morse, rien des signes de piste, du sémaphore, de la combinaison des noeuds, de la batterie d'un camp, rien des totems et rien des sachems. Et cependant, il était déjà Scout à l'avance dans son coeur, accoutumé qu'il était à la loyauté personnelle et au don spontané de lui-même, vertus caractéristiques d'un Scout digne de son nom. Le Père Guillot savait qu'Albert méritait de porter avant des milliers d'autres la croix potencée de Jérusalem, la croix que les Croisés arboraient sur leurs étendards et écussons. Toujours bon et serein de visage, le Père Guillot avait donc prié Albert de donner corps et âme à son projet. Dans un carnet de chef de patrouille, conservé par Alcide Beaucher comme une pièce à conviction, Alcide, le premier C.P. de la première troupe, on retrace les noms des jeunes garçons qui furent les premières recrues d'Albert : Léopold Fortier, Maurice Poulin et Maurice Vallée. Ils se réunirent le 24 juin 1931 dans le jardin du monastère sous la tente d'ombre d'un érable. Cette date est à retenir, car elle marque la toute première activité Scoute du diocèse. Ils se rassemblèrent une autre fois cherchant l'étoile qui guiderait leurs pas, avant que le Père Guillot, friand de revues, en feuilletant Le Semeur, l'organe de l'A.C.J.C., eût saisi au vol une nouvelle mirobolante pour la formation d'Albert. Imaginez que les Chefs Eclaireurs de Montréal organisaient un camp volant à l'intention expresse et exclusive des futurs chefs Scouts. Sur l'heure, le Père Guillot entra en communication avec le Père Maurice Beaulieu, S.J., Aumônier de la Troupe de l'Immaculée Conception de Montréal, et lui fit part de son désir de lui envoyer un jeune paroissien, appelé à devenir un chef de file dans le Scoutisme. Partis de Montréal à la mi-juillet 1931, dix collégiens recrutés à partir de la classe de Belles-Lettres prenaient pacifiquement d'assaut villes après villes, villages après villages. Ils campaient le soir au bord des routes et décampaient au petit jour, des fourmis dans les jarrets. Le Père Beaulieu était l'aumônier du camp volant et Philippe Morel, Chef de la Troupe de l'Immaculée-Conception, frère de Guido Morel, Commissaire Provincial des Éclaireurs, agissait comme chef de camp. Albert Poulin les alla rejoindre à Granby et revint à pied à Sherbrooke avec cette bande de routiers. En chemises kaki, culottes marine et chapeaux pointus, la caravane, sac au dos avec le fourniment des boussoles, des gamelles, des couteaux et des cordages, s'écroula finalement dans le jardin du monastère, repue de fatigue, comme une volée d'oies sauvages en migration. Quelles devaient être les impressions de la communauté devant l'irruption de ces cow-boys si bien civilisés ? Elles furent profondes. Si d'aventure, nos chroniques domestiques empiètent sur la vie paroissiale, il faut y voir du sensationnel. Pas seulement le jardin, mais encore tous les confrères furent émoustillés du fracas des rengaines et de la flamme à pic des feux de camp Les Scouts ont mis la flamme au bois résineux, Écoutez chanter l'âme qui palpite en eux. Béni soit le confrère qui a relaté dans le livre de nos chroniques, l'originelle histoire de notre Scoutisme. Ces chroniques valent leur pesant d'or. Voilà pourquoi, elles seront étalées, pour le bénéfice et l'intérêt de tous. Des commentaires appropriés accompagneront les citations des chroniques qui nous plongent dans la source première de notre scoutisme. 23 juillet 1931. « Arrivée des Chefs Éclaireurs conduits par l'Aumônier général, le R.P. Maurice Beaulieu, S.J. Ils installent leurs tentes dans le jardin et y passent trois jours. Sherbrooke est le terme de leur randonnée. Leur entraînement est jugé satisfaisant ; et, le soir de la veille du départ, à la lueur joyeuse des flambeaux a lieu l'impressionnante cérémonie de la promesse. » Cette chronique permet de fixer au 25 juillet 1931 la promesse scoute d'Albert. Nos Scouts seront heureux d'apprendre que leur premier frère a prononcé sa promesse dans le jardin des Rédemptoristes en présence des responsables de la Troupe de l'Immaculée-Conception de Montréal, la souche du Scoutisme sherbrookois. Un carnet de chef de patrouille dont il fut déjà question relate que, le 5 septembre 1931, Alcide Beaucher, André Vallée et Jean-Charles Vallée viennent s'ajouter aux recrues du 24 juin précédent. Alcide, le premier chef de patrouille, deviendra le bras droit d'Albert. Impossible de découvrir un démenti dans l'intérêt que le chroniqueur du monastère porte au scoutisme. Il écrivait le 9 septembre 1931: « Réunion hebdomadaire de notre équipe d'Éclaireurs. Cette équipe a été fondée dans notre paroisse, il y a deux mois, par le Père Recteur. Le Père Régent Marchand en est l'aumônier. Le chef de cette équipe est le fils de l'architecte Poulin de notre paroisse : Albert Poulin, jeune homme de 17 ans, étudiant au Petit Séminaire. 11 a fait son entrée cet été en prenant part à la randonnée des Chefs Éclaireurs Canadiens-Français à travers la Province sous la conduite du R.P. Maurice Beaulieu, Aumônier Général des Scouts du Canada. Albert Poulin est allé aussi faire un séjour de trois semaines au camp général des Éclaireurs à Sorel. Il est inscrit comme chef Éclaireur. Il a sous ses soins sept jeunes de 12 à 16 ans qu'il initie au Scoutisme. Leur réunion a lieu ici chaque semaine sous la surveillance du Père Marchand. » Décidément, ce confrère chroniqueur est impayable. Ma foi ! il s?y connaît. Il n?oublie rien. Et n?a-t-on pas l?impression qu?il pourrait bien être le Père Marchand lui-même ? Comme il ressort de ce récit, Albert y est allé à grosses bouchées dans sa formation scoute. Il a littéralement passé ses vacances de 1931 à camper. On parle d?un local où se réunissaient les scouts. Où était ce local ? Nulle part ailleurs que dans la salle de la Villa Saint-Alphonse qui tenait lieu dans le temps de salle paroissiale. En octobre 1931, Albert écrit quelques considérations dans le carnet du chef de patrouille à la page du résumé de l?activité de ma patrouille : « Pas de lumière au local. Chants. Explications d?examens. Jeux. Examens. Nous avons reçu nos costumes le 15 septembre. Nous sommes grandement retardés par les saluts du Très-Saint-Sacrement qui arrivent juste au milieu de chaque réunion. Cependant, nous faisons notre possible dans la préparation des examens d?aspirants. Je commence à m?apercevoir que mon meilleur est Alcide. Les deux, les trois Vallée ne marchent pas vite. Faut toujours pousser ça dans le dos pour avoir un peu. Le séminaire ne me laisse pratiquement pas assez de temps. » Albert ne nage donc pas dans l?eau de rose. Le métier de pionnier lui pèse lourdement sur le caractère, mais il est déjà galvanisé contre le découragement. Le Scoutisme ne nuira pas à ses études, puisqu?il se classera premier au séminaire au baccalauréat de Rhétorique. De nouveau le chroniqueur truffe son cahier de bonnes notes sur les activités scoutes. Voici ce qu?il nous livre. Le 15 novembre 1931, des parcelles d?or « Dans notre salle paroissiale a lieu cet après-midi l?impressionnante cérémonie de la promesse des cinq premiers Éclaireurs Canadiens-Français de Sherbrooke. Ces jeunes de notre paroisse ont été formés par notre jeune chef Albert Poulin. Le représentant du chef général des Éclaireurs Canadiens-Français, M. Philippe Morel, est venu de Montréal en compagnie de 16 Éclaireurs. Ils ont rehaussé de leur présence, de leurs démonstrations, l?éclat de la cérémonie et fraternisé avec leurs nouveaux frères. Cette chronique mentionne cette cérémonie comme celle de la première promesse. Cette assertion est acceptable seulement dans le sens où les premiers scouts formés par Albert ont fait profession sur leur honneur de servir. Mais la première promesse scoute fut celle d?Albert lui-même, le 25 juillet 1931, dans le jardin du monastère de concert avec dix autres collégiens, venus d?un peu partout emboîter le pas dans le camp volant de formation. Léopold Fortier, Maurice Poulin, Maurice Vallée, André Vallée et Alcide Beaucher étaient les cinq élus. Qu?est-il advenu de Jean-Charles Vallée ? Il n?a probablement pas prononcé sa promesse. Du moins, le carnet du C.P. n?en parle point. D?ailleurs, en janvier 1932, il n?est plus question dans le journal de bord de nos scouts de Maurice Vallée et de Jean-Charles Vallée. La croix potencée que portent les scouts sur leur chapeau est de couleur rouge. Le rouge signifie qu?un Scout doit être prêt à sauver les autres parfois même jusqu?au sacrifice de son sang. Fait singulier et poignant, des cinq qui viennent de prononcer leur promesse, deux, Léopold Fortier et Maurice Poulin, trouveront une mort prématurée durant la Deuxième Grande Guerre. Léopold sera mortellement blessé sur le champ de bataille à Bretteville-sur-Laize, France, le 28 août 1944. Et Maurice, Sergent-Major dans le 22e Régiment Royal, mourra accidentellement, en Angleterre, le 16 mars 1940. Le noyautement de nouvelles recrues en 1932 : En janvier, Lonia Rouillard ; en février, Paulin Charest et Gérard Lussier ; en mars, Guy Beauchesne ; en mai, Jacques Chartier, Guy Faucher et Richard Crépeau ; et en juin, Guy Donahue. Un cauchemar à sept têtes : L'égoïsme, la paresse et la fourberie dans une troupe sont pernicieux comme la peste. Ces défauts ne sont pourtant jamais chroniques chez un Scout, car ou bien il s'en corrige, ou bien il se retire de la troupe. Pour devenir Scout, il faut être, comme les chevaliers, je dirais, appelé à l'héroïsme. Dieu merci, parmi les premières recrues d'Albert, il s'est trouvé des candidats qui feront leur marque dans le Scoutisme. Il s'est vu néanmoins des troupes abondamment lestées de vertus qui ont pourtant végété dans l'anémie. Le Scout vit dans un monde à lui, un monde qu'il se crée. Ce monde n'évolue pas au gré des vents. Seuls les habitués et les initiés, tels les chefs et les aumôniers, savent très bien combien il en coûte financièrement pour mettre en mouvement une troupe. Albert était pressé d'argent pour l'organisation de son local et l'achat d'une batterie de camp. Comment un détachement de jeunes garçons pourraient-ils passer de quinze à vingt jours en pleine forêt sans être équipés contre toutes les intempéries ? Comment encore des parents consentiraient-ils au campement de leur garçonnet de douze ans, si l'organisation du camp n'était pour eux de tout repos ? Mais avant que l'organisation soit de tout repos pour les parents, le chef, lui, a vu des cauchemars de toutes les couleurs à tenter l'achat des articles indispensables à sa batterie. En 1932, Albert était encore à zéro dans l'inventaire d'un mobilier de troupe. Quels moyens mettra-t-il en oeuvre pour s'amasser quelque argent? Il est débrouillard. Il a du cran et de la décision. Sa troupe vivra. Notre chroniqueur là-dessus encore a laissé des renseignements inédits. On est au 26 avril 1932: « Il y a du théâtre... Chrétien. En effet, les jeunes garçons de la paroisse, ayant à leur tête le R.P. Marchand, organisent une petite séance en l'honneur du R.P. Recteur. D'abord la soirée commence par les exercices des Éclaireurs, car la réunion a aussi pour but de donner une idée pratique du Scoutisme. Sous le commandement du Chef Albert Poulin, les jeunes prient, chantent, font de la gymnastique, etc. Puis, vient la comédie, Le Docteur Oscar, qui, elle aussi, nous a déridés. » Le 28 avril 1932, la communauté assiste à la deuxième représentation de cet ineffable Docteur Oscar. Au livre des prônes, le Père Guillot avait bien dit que la première représentation accommoderait les enfants moyennant $ 0.10 par tête. La seconde conviait les grandes personnes et commandait une entrée de $ 0.35. On avait commencé à exercer la comédie en décembre 1931. Elle rapporta $ 80. Albert avait besoin de ce tremplin pour lancer ses gars dans la jungle d'un premier camp. L'heure des défections : L'année 1932 fut la plus dure à traverser. Pour manoeuvrer, le chef avait besoin de tous ses matelots. D'aucuns pourtant lâchèrent. Le code Scout leur pesait trop. Il y aurait eu sûrement motif à découragement, mais Albert s'agrippa fort, plus résolument à son gouvernail. Il ne laissa pas s'assoupir le bateau de ses espérances. En définitive, les transfuges ne firent qu'émonder le jeune arbre du Scoutisme sur le point de devenir très vigoureux. Premier camp dans le jardin des Rédemptoristes : C'est donc à l'heure des défections, au noeud de la crise, enhardi par le succès du Docteur Oscar, qu'Albert prit la résolution envers et contre tout de monter son premier camp sitôt qu'il aurait d'abord campé avec les Scouts de Montréal. Le chroniqueur fixe la date et détermine le lieu de ce camp : « Du 17 au 25 août 1932. Les Éclaireurs s'exercent dans notre jardin à la vie du camp. Le 24 août, la communauté assiste à la réception d'un nouvel Éclaireur, près des tentes à l'orée de la forêt. Ils nous donnent plusieurs exhibitions de leurs signaux et gestes. La prière du soir autour du feu termine la cérémonie. Nous gardons une bonne impression de nos Éclaireurs. » Ce camp si près de la civilisation avait nécessité l'emprunt de deux tentes. On compte parmi les campeurs : Albert Poulin, Chef, Alcide Beaucher, C.P., Léopold Fortier, Maurice Poulin, Lonia Rouillard, Jacques Chartier, Richard Crépeau, et Guy Donahue. Avènement du R.P. Élzéar de l'Étoile : Le changement d'aumônier apparaît au registre des confirmations. Cette fois, c'est le Père Guillot lui-même qui écrit : « 26 décembre 1932. Les Éclaireurs Canadiens-Français auront désormais leurs réunions hebdomadaires dans la maison des Syndicats Catholiques dont la salle supérieure a été mise gratuitement à leur disposition. Ils pourront se recruter plus facilement dans la ville. Ces Scouts ont été établis dans notre paroisse au printemps de 1931 et affiliés à la Fédération des Eclaireurs Canadiens-Français de Montréal. Ils suivent les règlements, manuels édités par les Pères Jésuites pour les E.C.F. Leur premier aumônier a été le Père Régent Marchand que le Père de l'Étoile a remplacé en mai 1932. S. Exc. Mgr A.-O. Gagnon. et le T.R.P. Provincial ont donné leur pleine approbation à cette oeuvre. » Nos chroniques domestiques ne parleront plus désormais des Scouts. Pourquoi le Père Guillot a-t-il enlevé l'aumônerie des Scouts au Père Marchand ? Il semble bien que le Père Marchand estimait le recrutement des Scouts trop lent. Il pensa qu'il aurait plus de veine à fonder un clan de routiers. Il ruminait donc un plan jugé malhabile et téméraire par son Supérieur. Ce n'était pas le temps de brûler les étapes et d'embêter nos Scouts qui avaient déjà tant de mérites à leur crédit, particulièrement leur Chef. Le Père de l'Étoile, devant le problème du recrutement, aura une autre politique. Son avènement fit choc. De tempérament ardent et tout d'une pièce, il prit tout de suite le boeuf par les cornes. Après avoir étudié les conditions du milieu, il débita crânement à Albert que la paroisse, trop peu populeuse, ne garantissait pas la survivance de sa troupe. Quand le boeuf a brouté l'herbe tout autour de son pieu d'attache, on le mène paître ailleurs. En décembre 1932, les Scouts du Perpétuel-Secours partirent avec leur saint-crépin et trouvèrent asile au troisième étage de l'Édifice des Syndicats sur la rue Gordon. Une fois installée au centre de la ville, la troupe Scoute regorgea vite de recrues des plus prometteuses. Au printemps de 1933, trois chefs de patrouille sont en action : Alcide Beaucher, Irénée Fortier et Jacques Chartier. Le Père de l'Étoile s'en va à la J.O.C. : La longue histoire de la J.O.C. de Sherbrooke laisse bien entendre que le Père de l'Étoile, réclamé à cor et à cri par plusieurs diocèses pour l'apostolat ouvrier, ne pouvait pas garder l'aumônerie des Scouts. Il les quitta à l'automne de 1933. Ce fut un autre problème pour Albert. Il ne fut pas long à communiquer son impasse à M. l'Abbé Origène Vel, l'ami des jeunes, qui entretint à son tour M. l'Abbé Ira Bourassa de la chose. « Je serai l'aumônier des Éclaireurs », repartit l'Abbé Bourassa. Or, comme son interlocuteur observait qu'il n'aurait jamais le temps de s'en occuper. « Tu seras mon assistant », de conclure l'Abbé Bourassa. Et c'est de la sorte que l'Abbé Vel amorça sa carrière si longue et tellement fructueuse d'Aumônier des Scouts. Il demeurera dans les annales de notre Scoutisme diocésain l'un des grands patrons. Premier camp régulier de 1934 : En 1933, en mal d'argent, les Scouts ne montèrent pas de camp. Seulement, ils participèrent à plusieurs excursions en vue de perfectionner leur technique. Tantôt une excursion pour l'apprentissage de la cuisine. Tantôt une autre pour l'exercice du montage des tentes. Ici l'on marche à la conquête de l'histoire régionale. Là on bivouaque dans les séances d'études de la grande nature, à l'exemple du grand saint François. Mais le clou de leurs aventures en cet été fut l'ascension du Mont Orford. A la fin de novembre 1933, la famille compte quatre patrouilles. Au point de vue effectif, c'est complet. L'été suivant, soit du 1er au 18 juillet, 28 Scouts, alertes et gaillardets, s'en vont camper à la Pointe-Gervais sur un terrain appartenant à M. l'Abbé Émile Gervais. Ce premier camp régulier en bonne et due forme se range parmi les souvenirs les plus chers d'Albert. Enfin, il arrivait à bon port avec tous ses plus braves matelots après avoir manoeuvré pendant trois ans de peine et de misère. En septembre 1934, Albert est forcé de prendre un repos qu'il n'a pas volé. Son assistant, Gérard Cambron, dont l'avenir mettra au grand jour toutes les ressources, le remplace. En juin de la même année, le chef reprend le gouvernail de sa troupe et vous monte un camp du tonnerre. En 1935, il est théologien au Grand Séminaire de Sherbrooke et, en 1936, à celui de Montréal. En cette année du jubilé d'or, il fait bon d'ajouter au diadème de notre madone du Perpétuel-Secours la croix des Scouts O Croix des Scouts, croix glorieuse, Croix des héros des anciens jours, A l'âme haute et généreuse, Tu resteras chère toujours. Grâce à l'initiative et à la détermination du Père Guillot et d'Albert Poulin, le Scoutisme s'établissait ici quatre ans seulement après celui de Montréal. Le bosquet du monastère, trente-deux ans passés, avant les grands bois des Cantons de l'Est, a retenti d'un écho de chevalerie : Notre Dame... Victoires.