Témoignage du premier ministre Jean Charest devant la Commission Bastarache
La comparution du premier ministre Jean Charest est un des moments les plus attendus des travaux de la Commission Bastarache, une commission mise sur pied par le gouvernement libéral afin de faire la lumière sur le processus de nomination des juges au Québec.
En 2010, l'ex-ministre de la Justice du Québec, Marc Bellemare, fait la manchette en déclarant qu'alors qu'il était en poste, en 2003, il aurait subi des pressions indues afin de nommer des juges proposés par des collecteurs de fonds du Parti libéral du Québec (PLQ), Franco Fava et Charles Rondeau. Déjà dans la tourmente à cause d'autres controverses, dont les demandes de l'opposition pour une commission clarifiant les liens entre le PLQ et l'industrie de la construction, le premier ministre Jean Charest réplique en instaurant une Commission chargée d'enquêter sur le processus de nomination des juges au Québec. Il met à sa tête le juge Michel Bastarache, un choix que dénonce Marc Bellemare. Celui-ci annonce d'abord qu'il ne participera pas aux travaux de la commission, avant de revenir sur sa décision. Son témoignage, qui se déroule sur plusieurs jours, est vivement attendu. Son passage le plus commenté est sa déclaration selon laquelle le premier ministre, une fois informé des pressions à son égard, aurait dit à son ministre de la Justice de donner suite aux recommandations de Franco Fava puisqu'il était un important collecteur de fonds pour le PLQ. Selon des sondages, les propos de Bellemare sont jugés crédibles par la population, ce qui accentue la pression sur le premier ministre. D'autres témoins viennent nier ou appuyer les propos de Marc Bellemare, avant que Jean Charest ne comparaisse lui-même devant la commission, les 23 et 24 septembre. C'est la première fois depuis l'automne 1891 qu'un premier ministre du Québec témoigne devant une commission d'enquête. Honoré Mercier avait alors du s'expliquer pour son rôle dans ce qui est entré dans l'histoire comme le « scandale de la Baie-des-chaleurs ». Niant catégoriquement les allégations d'ingérence extérieure, Charest défend son intégrité et celle de son personnel. Il affirme même n'avoir jamais été informé de cette situation par son ministre. Présentés intégralement sur les chaînes d'information continue, les travaux de la commission semblent malgré tout alimenter le scepticisme des Québécois à l'endroit de leurs institutions. La revue Maclean's ajoute d'ailleurs au débat ne publiant, à ce moment, un numéro dans lequel elle proclame le Québec la province la plus corrompue du Canada.