Accident ferroviaire meurtrier à Lac-Mégantic

Le déraillement d'un train contenant 72 wagons-citernes avec du pétrole brut provoque des explosions dévastatrices au centre-ville de Lac-Mégantic, dans les Cantons-de-l'Est. En plus d'importants dommages matériels, cet accident cause 47 morts, ce qui en fait la pire tragédie ferroviaire au Canada depuis le XIXe siècle.

Il est un peu plus d'une heure du matin, le 6 juillet 2013, lorsqu'un train du Montreal, Maine & Atlantic Railway (MM&A), à destination du Nouveau-Brunswick, déraille au centre-ville de Lac-Mégantic, une ville de 6 000 habitants. Les locomotives poursuivent sur leur voie, mais le déraillement dans une courbe d'une soixantaine de wagons-citernes contenant du pétrole brut, sur les 72 du convoi, provoque une série de fortes explosions. En quelques minutes, un secteur occupé de la ville est dévasté et se transforme en brasier que plusieurs témoins décriront comme une « scène d'enfer ». Des dizaines de bâtiments, sur une superficie de 2 kilomètres carré, sont détruits. Une intervention massive des pompiers de Lac-Mégantic et de confrères de la région - même des États-Unis - vient à bout de l'incendie en une quarantaine d'heures. Des mesures d'urgence sont déployées afin de venir en aide aux victimes, mais le bilan est lourd. Après une période de spéculations, le nombre de décès est fixé à 47. Plusieurs des victimes passaient la soirée au Musi-Café, un bar fréquenté du centre-ville. Le Québec entier est ému par cette tragédie dont les images sont diffusées un peu partout dans le monde. Rapidement, des inquiétudes s'expriment sur ses conséquences environnementales, notamment le déversement de pétrole dans la rivière Chaudière. Des experts consacrent aussi beaucoup d'efforts à retracer le fil des événements, dans le but de déterminer les causes précises du désastre. L'attention se tourne sur des incidents survenus sur le train à Nantes, une douzaine de kilomètres avant Lac-Mégantic, dans les heures précédant l'embardée mortelle qui se produit alors qu'il n'y a plus de membre du personnel à bord des locomotives. Ed Burkhardt, un Américain qui est le patron du MM&A, est sur la sellette le 10 juillet lorsqu'il se présente dans la ville éprouvée. Le MM&A se placera sous la protection de la faillite quelques semaines plus tard. Les premiers ministres Stephen Harper et Pauline Marois sont de passage sur les lieux du drame dans les jours suivant le déraillement. Québec s'engage à débloquer 60 millions de dollars, une action prompte qui est accueillie positivement, et Ottawa lui emboîte le pas. La personnalité politique la plus en vue est toutefois la mairesse Colette Roy-Laroche dont la détermination suscite le respect des observateurs. De touchantes cérémonies soulignent le départ des victimes alors que Lac-Mégantic fait l'objet d'un déferlement médiatique sans précédent. Des levées de fonds sont organisées à travers la province, pendant qu'élus et fonctionnaires s'interrogent sur les mesures à prendre afin d'éviter la répétition d'une telle catastrophe, que ce soit dans cette ville où dans d'autres qui sont traversées par des voies ferrées.