Congrès de l’Union nationale
Les membres de l’Union nationale (UN) sont réunis en congrès à Montréal du 19 au 21 mars 1965, à la demande de leur chef Daniel Johnson, sous le thème « Le Québec d’abord ». Celui-ci réussit à diminuer les tensions grandissantes au sein du parti par un réalignement radical vers l’interventionnisme et le changement. Il réaffirme aussi sa légitimité en répondant aux critiques et en institutionnalisant la révision du leadership du parti.
Le congrès de l’UN de 1965 survient dans un contexte général de remise en question du leadership de Daniel Johnson. Les conflits internes au parti s’envenimaient depuis sa seconde défaite aux élections de 1962 aux mains des libéraux. Appelé par Johnson, le congrès est une réponse aux critiques des réformistes du député Jean-Jacques Bertrand, ancien concurrent pour le leadership, qui avait menacé Johnson de sa démission en 1961. On demande alors au parti, lors du congrès de 1965, de faire preuve de renouveau pour s’adapter à un nouveau climat de changement s’installant au Québec. Ce renouveau se concrétise, alors que l’UN prend lors du congrès une nouvelle identité plus progressiste, dans certains cas, que le Parti libéral. Elle prend position en faveur de la gratuité scolaire à tous les niveaux, d’un régime complet d’assurance maladie, de lois anti-briseurs de grève, de la création de nouveaux ministères et de l’élaboration d’une déclaration des droits de l’homme. Cette lancée interventionniste est vue par certains comme le moment concret de la rupture avec la pensée duplessiste. Johnson adoucit aussi les craintes de son emprise sur le parti en établissant des congrès au leadership à tous les deux ans sous les recommandations d’un nouveau « conseil national ». Il réaffirme la position indépendantiste du parti, s’opposant décidément à la « formule Fulton-Favreau » que prônent les libéraux, et propose de plus grandes limites à la modification de la Constitution. L’UN se positionne plutôt en faveur d’une autodétermination concrète passant par la reconnaissance d’un Canada à deux nations et un rapatriement de tous les impôts au Québec. Le congrès de l’UN de 1965 est perçu par les membres comme un ralliement enthousiaste, mettant fin à une ère de conflits internes. Il précède l’éventuelle victoire des élections de l’UN en 1966.