Manifestation contre la conscription à Québec

Une manifestation anticonscriptionniste dans les rues de Montréal |
À Québec, des militaires chargent un groupe de manifestants qui protestent depuis cinq jours contre la conscription. Les soldats, qui tirent à la mitrailleuse, tuent cinq manifestants et en blessent 70 autres.
Un témoin des événements, Rosaire Dion, raconte: «J'habitais dans le quartier Saint-Roch. J'ai eu connaissance de l'émeute de Québec. Cela avait commencé le Jeudi saint au soir. Des «spotters» (chercheurs de fuyards) cherchaient partout les gars qui se cachaient pour ne pas aller à la guerre. Ils en ont arrêté un qui avait son certificat d'exemption. C'est «ça» qui a tout déclenché. La foule a voulu le libérer. On s'est rendu devant le poste de police. Ils l'ont lâché. Pendant trois ou quatre jours, des groupes se promenaient et cherchaient à attraper des «spotters» pour les battre. La police a eu peur. Ils ont fait venir l'armée. Le dimanche, on a appris qu'une «gang» de soldats anglais de Toronto venait d'arriver à la gare du Palais. Eux, ils ne nous aimaient pas. Je ne sais pas au juste comment «ça» a commencé, mais les soldats ont tiré sur le monde et il y a eu quatre morts. Une affaire «de même», on n'oublie jamais ça.» Un autre témoin des événements, Frank Scott, décrit la scène de la façon suivante: «Les émeutiers avaient éteint les réverbères; toute la basse-ville était enfouie dans la brume et les ténèbres cette nuit-là. Soudain, nous avons entendu le feu de plusieurs mitrailleuses. Le bruit était assourdissant et donnait l'impression qu'un massacre se déroulait en bas de la falaise.» Le 4 avril, un arrêté ministériel proclame la Loi martiale à Québec. Les libertés civiles seront suspendues. Cette action des miltaires causera un profond ressentiment dans la population.