Publication de «La Scouine» par Albert Laberge

L'écrivain Albert Laberge |
La publication du roman «La Scouine» d'Albert Laberge s'échelonne sur plusieurs années, compte tenu des craintes de l'auteur face à d'éventuelles condamnations de la part de la critique officielle et des élites dirigeantes. Les premiers chapitres du roman ont paru dans divers périodiques dès 1903. Ils s'adressaient à un cercle de lecteurs relativement restreint.
En 1918, c'est à compte d'auteur qu'une soixantaine d'exemplaires sont publiés, résultat de l'assemblage des différentes scènes composant le roman. Celui-ci dépeint les moeurs paysannes, mais au lieu d'en présenter une image idéalisée, l'auteur choisit de mettre l'emphase sur des aspects plus sombres comme la misère des ménages, l'exploitation des cultivateurs et la mainmise de l'Église sur les consciences. L'histoire raconte la vie de la famille Deschamps et s'articule principalement autour de la Scouine, une jeune femme cruelle et sadique. Ce portrait plutôt sinistre, dans lequel Laberge inclut un épisode de jouissance solitaire, méritera à l'auteur une vive réprobation de la part de monseigneur Paul Bruchési, l'archevêque de Montréal, qui qualifiera le texte d'«ignoble pornographie». Il faudra attendre la réédition de 1972 pour que le public québécois puisse enfin redécouvrir «La Scouine».