Tenue d'un référendum au Québec sur la souveraineté-association

Le premier ministre du Québec, René Lévesque, le soir du référendum sur la souveraineté du Québec |
Après une campagne qui polarise l'attention des Québécois, les électeurs se prononcent à 59,5 % contre le projet de souveraineté-association proposé par le gouvernement du Parti québécois. Le taux de participation est d'environ 85 %.
Lorsque le Parti québécois se fait élire, en 1976, il promet de ramener la paix sociale et de donner aux citoyens un bon gouvernement avant de tenir un référendum sur son projet de souveraineté-association. En juin 1979, le congrès national du parti approuve le document «D'égal à égal» qui expose les bases de la nouvelle association souhaitée entre le Québec et le reste du Canada. Au printemps 1980, le gouvernement du Québec fait connaître sa proposition d'entente fondée sur l'égalité des peuples qui permettrait au Québec d'acquérir le pouvoir exclusif de faire ses lois, de percevoir ses impôts et d'établir ses relations extérieures, tout en conservant une association économique avec le Canada. La date de la consultation est fixée pour le 20 mai et la campagne débute en avril. Le camp du «Oui» met l'accent sur le changement qui surviendrait à la suite d'une victoire. Les partisans du «Non», dirigés par Claude Ryan , chef du Parti libéral du Québéc, estiment pour leur part que la Constitution canadienne peut être modifiée pour répondre aux aspirations du Québec. Au cours de la campagne, le premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau, promet un renouvellement du fédéralisme advenant une victoire du «Non». Le 20 mai 1980, les Québécois répondent à la question suivante : «Le Gouvernement du Québec a fait connaître sa proposition d'en arriver, avec le reste du Canada, à une nouvelle entente fondée sur le principe de l'égalité des peuples; cette entente permettrait au Québec d'acquérir le pouvoir exclusif de faire ses lois, de percevoir ses impôts et d'établir ses relations extérieures, ce qui est la souveraineté, et, en même temps, de maintenir avec le Canada une association économique comportant l'utilisation de la même monnaie; aucun changement de statut politique résultant de ces négociations ne sera réalisé sans l'accord de la population lors d'un autre référendum; en conséquence, accordez-vous au Gouvernement du Québec le mandat de négocier l'entente proposée entre le Québec et le Canada? » Malgré cette approche prudente, le «Oui» ne parvient pas à dépasser la barre des 41 %. En fait, le projet souverainiste ne réussit même pas à rallier une majorité de francophones. Lors du dévoilement des résultats, le soir du 20 mai, le premier ministre Lévesque est ovationné à tout rompre par ses partisans massés au Centre Paul-Sauvé. Il déclare alors : «Il est clair, admettons-le, que la balle vient d'être renvoyée dans le camp fédéraliste. Le peuple québécois vient nettement de lui donner une autre chance. Il appartiendra aux fédéralistes, mais d'abord à M.Trudeau lui-même, dans les semaines et les mois qui viennent de mettre un contenu dans les promesses qui se sont multipliées depuis 35 jours». Le premier ministre canadien déclare pour sa part : «Bien des choses séparaient les tenants du «Oui» et du «Non» dans ce référendum, mais tous étaient animés par une même volonté de changement. Et c'est sur cette volonté de changement qu'il faut tabler pour renouveler la fédération canadienne et redonner à tous les Québécois, comme à tous les citoyens de ce pays le goût d'être et de se proclamer Canadiens.»