Adoption d'une série de lois fixant les conditions de travail des employés de l'État
Un an avant l'échéance des conventions collectives des employés du secteur public et parapublic, le gouvernement du Parti québécois, dirigé par René Lévesque , fixe par décrets les conditions de travail des 320 000 employés de l'État pour les trois prochaines années. Cette décision entraîne une série de grèves dans les divers syndicats du secteur public et parapublic.
Au début des années 80, une brutale récession économique fait bondir le taux de chômage à 15 %. Se greffe à ce ralentissement une détérioration de la situation financière du gouvernement qui ne veut ni hausser les impôts, ni augmenter le déficit ou diminuer les services. Les élus décident donc de réduire la masse salariale des employés de l'État. Cet événement marque un moment décisif dans l'histoire du syndicalisme au Québec. Dans une déclaration faite à l'Assemblée nationale, le premier ministre René Lévesque déclare : «...on va respecter nos signatures à moins qu'on puisse, par négociation, arriver à un meilleur aménagement de ce qui est nécessaire pour l'équilibre financier de l'État québécois (...) Il faut que ces efforts soient répartis et que les secteurs public et parapublic, dotés de la sécurité d'emploi absolue depuis 1976, soient appelés à faire leur part.» Globalement, le gouvernement impose des diminutions salariales de plus de 20 %, une augmentation de la tâche dans le secteur de l'enseignement et de la santé ainsi que la suppression du droit de grève. Les syndiqués décident alors de déclencher une grève illégale. Devant l'impossibilité de s'entendre avec les syndicats, le gouvernement imposera les 109 décrets de la loi 105, fixant les conditions de travail pour les trois prochaines années. Une nouvelle série de débrayages illégaux débute mais les mandats de grève sont faibles chez plusieurs syndicats et le gouvernement parviendra à diviser les forces syndicales. Cette ronde de négociations marque un recul important pour les syndicats et la fin d'une ambition, celle de voir la fonction publique et parapublique devenir la locomotive des salariés du Québec. Par le fait même, les dirigeants syndicaux s'aperçoivent également que leurs appuis au sein de la population se sont effrités, conséquence vraisemblable de nombreuses grèves déclenchées depuis une quinzaine d'années. Le gouvernement du Parti québécois perdra pour sa part le support de bon nombre d'employés du secteur public acquis à sa cause par la passé.