Rejet d'une offre de contrat par les employés de la Dominion Textile

Couturières dans une manufacture de vêtements pour dames |
Au coeur d'une période difficile, la Dominion Textile soumet à ses employés une proposition de contrat qui comporte certains reculs par rapport aux conditions existantes. Elle déclare un lock-out dans trois de ses usines (Saint-Jean, Valleyfield et Saint-Timothée) mais n'obtient pas les résultats escomptés puisque, le 5 mai 1985, 82 % de ses employés se prononcent contre l'acceptation de ses offres.
Peu après, la Dominion Textile annonce qu'elle fermera éventuellement deux usines ultramodernes où les employés sont en lock-out. Acculés au pied du mur, les employés acceptent les conditions de la compagnie. Un an après le conflit, la Dominion Textile transfère la machinerie des deux usines fermées dans ses autres filatures et embauche environ le même nombre d'employés qu'elle avait mis à pied. Rappelons que la situation de l'industrie textile québécoise est précaire depuis le début des années 1960. Avec la concurrence du Sud-Est asiatique et la libéralisation des échanges, des milliers d'emplois sont perdus. La Dominion Textile, qui emploie 6 000 personnes au Québec, annonçait donc en 1984 qu'elle fermerait l'usine de Montmorency. C'est dans ces conditions peu avantageuses que s'amorcent les négociations menant au renouvellement de la convention collective signée en 1982. Les syndiqués, dont la moitié appartiennent à la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), tentent de maintenir de bonnes relations avec l'employeur. Ils cherchent à obtenir des augmentations salariales relativement importantes car les travailleurs, majoritairement des femmes, ont un salaire inférieur à la moyenne manufacturière du Canada. Les clauses normatives sont rapidement réglées avant la fin de 1984 même si elle contiennent certains reculs sur les clauses d'ancienneté et de sous-traitance. En avril 1985, la Dominion Textile soumet une offre finale non négociable en ce qui a trait aux augmentations salariales. Elle offre des hausses mineures et souhaite former des équipes la fin de semaine au taux normal. Cette proposition est inacceptable pour le syndicat car de nombreux travailleurs augmentent leurs revenus en travaillant à temps double la fin de semaine. Quelques jours avant la tenue du vote, la compagnie met en lock-out 1 100 employés dans trois de ses usines au Québec. Elle bonifie ensuite légèrement ses offres qui sont acceptées par les usines qui ne sont pas en lock-out. Puis, la compagnie annonce son intention de fermer deux usines ultramodernes parmi les trois en lock-out (900 employés). Ses dirigeants justifient cette décision de fermer en évoquant la concurrence accrue, mais ceratins reconnaissent aussi que le choix des usines fermées s'explique aussi par le militantisme de leurs employés. Malgré l'intervention des gouvernements, la compagnie ne reviendra pas sur sa décision. Les employés acculés au pied du mur rentreront travailler pour les quelques mois qui restent avant la fermeture définitive. Un an après cet épisode, Dominion Textile comptera 7 800 employés car elle a embauché du nouveau personnel dans ses usines demeurées en opération. Après avoir connu des pertes financières en 1985, elle affichera des bénéfices pour 1986 et 1987. De plus, le lock-out de 1985 aura pour effet de refroidir les ardeurs syndicales pour un certain temps.