Signature d'un Traité de libre-échange entre le Canada et les États-Unis

Brian Mulroney, premier ministre du Canada |
Les gouvernements canadien et américain entérinent la signature d'un Traité de libre-échange. Cette entente, qui marque un virage majeur dans les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis, sera à l'origine d'un débat passionné qui va diviser l'opinion publique canadienne.
La Loi C-130 sur le Traité de libre-échange entre le Canada et les États-Unis sera adoptée à la Chambre des communes, 177 voix contre 64, le 31 août 1988. L'opposition des Néo-démocrates d'Ed Broadbent et des Libéraux de John Turner fera de cette entente le thème principal de l'élection fédérale de novembre. Ce dernier tentera d'influencer l'électorat par des déclarations chocs, empreintes d'émotivité : «Il y a 120 ans, nous avons construit ce pays à l'est, à l'ouest et au nord, nous l'avons construit sur une infrastructure qui a fermement résisté à la pression continentale des États-Unis. Nous avons poursuivi cela durant 120 ans. Avec une signature, vous avez renversé cela, vous nous avez exposés à l'influence nord-sud des États-Unis, et vous allez nous réduire à l'état de colonie...parce que, quand il n'y a plus de levier économique, l'indépendance politique disparaît à coup sûr.» La victoire des Progressistes-conservateurs pavera la voie à l'adoption du traité qui entrera en application le 31 décembre 1988 à minuit. L'abolition des droits de douane se fera de façon immédiate pour certains produits, jugés en «mesure d'affronter la concurrence» (ordinateurs et matériel connexe, whisky, motocyclettes, etc.) et progressive dans d'autres. Les tarifs dans les textiles et vêtements, les pneus et l'acier, par exemple, ne seront complètement éliminés qu'au bout d'une période de 10 ans.