Discours de Henri Bourassa au Monument National

Soldats canadiens fouillant un camp ennemi durant la guerre des Boers |
Le député libéral Henri Bourassa prononce une conférence anti-impérialiste au Monument National. Elle attire une foule importante.
La guerre des Boers (1899-1902) relance le débat sur le rôle du Canada dans l'Empire britannique. En avril 1902, Henri Bourassa s'inquiète des pressions que Londres exerce sur le premier ministre canadien, Wilfrid Laurier . Lors de sa conférence au Monument National, il parle de patriotisme canadien, de la sympathie naturelle des Canadiens français pour la France, mais s'écarte de tout nationalisme basé sur le sang. Il parle également de loyauté envers l'Angleterre, tout en soulignant que les Canadiens ne lui doivent ni rancune, ni reconnaissance. Bourassa, qui veut faire du Canada une nation à part entière, invite les siens à se montrer conciliants, tolérants et généreux à l'endroit de leurs compatriotes de langue anglaise. Selon lui, les Canadiens français doivent rester fiers afin de conquérir leur estime. Ce discours fut très commenté. Le 3 avril 1904, dans le journal «Le Nationaliste», Bourassa précise en ces termes sa conception du nationalisme canadien: «Notre nationalisme à nous est le nationalisme canadien fondé sur la dualité des races et sur les traditions particulières que cette dualité comporte. Nous travaillons au développement du patriotisme canadien qui est à nos yeux la meilleure garantie de l'existence des deux races et du respect mutuel qu'elles se doivent. Les nôtres sont les Canadiens français; mais les Anglo-Canadiens ne sont pas des étrangers, et nous regardons comme des alliés tous ceux d'entre nous qui nous respectent et qui veulent, comme nous, le maintien intégral de l'autonomie canadienne. La patrie pour nous, c'est le Canada tout entier, c'est-à-dire une fédération de races distinctes et de provinces autonomes. La nation que nous voulons voir se développer, c'est la nation canadienne, composée des Canadiens français et des Canadiens anglais, c'est-à-dire de deux éléments séparés par la langue et la religion et par des dispositions légales nécessaires à la conservation de leurs traditions respectives, mais unies dans un sentiment de confraternité dans un commun attachement à la patrie comune.»