Mise à l'index du roman «Les Demi-civilisés» de Jean-Charles Harvey

Jean-Charles Harvey, journaliste, écrivain et animateur à la radio |
Dans son roman «Les Demi-civilisés», Jean-Charles Harvey livre une critique acerbe de l'idéologie de conservation mise de l'avant par le clergé et les élites canadiennes-françaises. Moins d'un mois après sa parution, l'archevêque de Québec, le cardinal Rodrigue Villeneuve, déclare la mise à l'index formelle du roman, beaucoup trop audacieux pour son temps.
«Les Demi-civilisés» est le deuxième roman d'un auteur déjà confirmé dans sa trajectoire contestataire. Rédacteur en chef au quotidien «Le Soleil » de Québec, Jean-Charles Harvey n'avait jusque-là pas manqué d'écorcher à l'occasion tant les membres du clergé catholique que ceux qu'il nomme avec mépris les «barbares en smoking», dont il récupère le symbole dans l'appellation des «demi-civilisés». Dans ce roman, c'est toute la vision sociale de l'auteur qui s'exprime : un idéal de liberté où l'individu aurait enfin tout le loisir de bâtir ses propres lois, sa propre morale. Mais Harvey devra payer cher son hardiesse, puisque immédiatement après la condamnation publique des «Demi-civilisés», la direction du «Soleil» exigera sa démission. Ses amis du Parti libéral tenteront bien de lui trouver un emploi dans la fonction publique mais, une fois encore, le cardinal Villeneuve interviendra et c'est au poste de directeur du Bureau de la statistique qu'aboutira l'irrévérencieux auteur.