Déclenchement d'une grève à la Dominion Textile

Grève à l'usine Mont-Royal de la Dominion Textile |
Cet arrêt de travail paralyse les filatures de la Dominion Textile à Montréal, Valleyfield, Sherbrooke, Magog, Drummondville et Saint-Grégoire-de-Montmorency. Les travailleurs, qui sont affiliés à la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC), réclament une baisse des heures de travail, de meilleurs salaires et la reconnaissance de leur union. Les interventions du premier ministre Maurice Duplessis et la médiation du cardinal de Québec, Mgr Rodrigue Villeneuve, marqueront ce conflit qui se terminera le 27 août.
En 1937, les effets de la crise économique se font encore sentir : le chômage demeure élevé et l'économie tarde à se redresser. C'est dans ce contexte difficile qu'une grève éclate en août dans six filatures de la Dominion Textile. Cette entreprise, qui est alors le plus gros employeur manufacturier du Québec (50 000 ouvriers), contrôle les deux tiers de l'industrie du coton au Canada. Ses employés, en majorité des femmes, travaillent de 55 à 60 heures par semaine pour un salaire hebdomadaire d'environ 15 $. Cette situation, et la montée de l'organisation syndicale, plus particulièrement la CTCC, dans les usines, crée un contexte favorable à une négociation des conditions de travail. D'autant plus que la Commission royale d'enquête sur l'industrie textile (1937) vient de mettre en lumière l'exploitation dont sont victimes les ouvrières du textile. La CTCC se croit ainsi en bonne posture pour presser la Dominion Textile de signer un contrat avec elle en tant que représentante des ouvriers. Après la tenue d'un vote de grève, que les travaileurs appuient à 95 %, un arrêt de travail est déclenché le 2 août. Les principales revendications sont une augmentation salariale, la diminution des heures de travail (de 60 heures à 50 heures) et la reconnaissance du syndicat. Après deux semaines de grève, l'entreprise tente de rouvrir trois de ses filatures, ce qui provoque de la violence sur les lignes de piquetage. La conflit semble s'enliser dangeureusement lorsque le cardinal de Québec, Mgr Rodrigue Villeneuve, lance un appel pour que la compagnie et les grévistes acceptent la médiation du premier ministre Maurice Duplessis , même si ce dernier a déjà manifesté ouvertement sa réprobation à l'endroit de la stratégie adoptée par les leaders syndicaux. La situation commence à devenir précaire pour les ouvriers qui sont sans revenus depuis 25 jours. La Dominion Textile s'empresse d'accepter l'offre de médiation. La situation critique des grévistes se répercute à la table des négociations car la compagnie fait peu de concessions. La semaine est abaissée à 50 heures, le salaire est majoré de 5 % et les machines seront arrêtées lors des repas. Mais le syndicat ne sera pas officiellement reconnu par l'employeur. L'année suivante, la Dominion Textile refusera de renouveler la convention collective signée en 1937.